dimanche 18 mars 2007

Jour 8

Ce soir, pas d'anecdotes, pas d'envers du décor, contrairement à ce que j'avais annoncé. Mes plus plates excuses à Edouard, qui attend la suite avec impatience.

Ce soir, j'ai plutôt envie de partager avec vous une angoisse profonde. Je serai à l'extérieur le 26 mars, je dois donc voter par anticipation. Or, voter par anticipation lorsqu'une élection s'annonce, à ce moment-ci, aussi serrée, nécessite une réflexion poussée. Car le vote, cette fois, en sera un stratégique, et non de conviction personnelle.

Dans mon comté de résidence, la lutte se fait vraiment entre deux candidats. Or, je ne souhaite pas que le parti de l'un d'entre eux forme le gouvernement. Simple, me direz-vous, vote pour l'autre, Gorge! Simple? Pas tout à fait. L'autre représente un vote contre-nature dans mon cas. Voter selon mon inclinaison naturelle, c'est comme jeter mon vote dans le feu. Mon vote pourrait être beaucoup plus productif, mais voilà, mettre mon X à côté de monsieur Y, c'est renier ce pour quoi j'ai milité toute ma vie adulte. Je me sens comme si je devais trahir mon côté givré pour faire triompher le côté santé de ma personnalité. Rationnellement, je sais que je n'ai pas le choix. Ce n'est pas mon vote qui changera la donne, mais j'aurai l'impression que j'aurai tout tenté pour empêcher ce que je crains d'arriver.

Probablement que la situation aurait été la même la semaine prochaine, à moins qu'un parti ne se détache clairement en ces tous derniers jours de campagne et que les prochains sondages indiquent tout autre chose. J'ai retardé à demain soir le moment d'aller exercer mon droit de vote, pour voir quelles seront les réactions au budget, ai-je dit. Au fond, je redoute ce moment ou je devrais faire un "x" sur le bulletin de vote.

Combien sommes-nous dans cette situation? Traditionnellement, voter c'est simple. On vote contre un gouvernement, pour un parti, pour un gouvernement, contre un parti. Là, plusieurs voteront contre ce qui pourrait se produire, en souhaitant choisir l'opposition officielle plutôt que le gouvernement. Bizarre, non? Ou faudra-t-il apprendre, pour un temps, à conjuguer cette nouvelle donne dans un système politique tripartite?

Citation du jour: «Lundi, ça va très bien se passer», a lancé le ministre fédéral Michael Fortier à Jean Charest, à sa sortie de la Basilique St-Patrick, où tous deux venaient d'assister à la messe célébrant la Fête nationale des Irlandais, en faisant référence au dépôt du budget fédéral, lundi, à la Chambre des communes. (tiré de Cyberpresse). Ouais ouais. Your check is in the mail, the sequel.

7 commentaires:

Anonyme a dit...

Vote pour tes convictions... même si tu ne veux pas que le parti de ce vote l'emporte. C'est la seule façon de ne pas le regreter. Évidemment j'espère que tu votera ADQ...lol

Frédéric Lemoine

PatTheBrat a dit...

J'avoue être bien content d'avoir encore une semaine pour y penser. Je n'aime pas voter "contre" et personne ne m'a encore convaincu au niveau national. Je vais peut-être faire comme j'ai toujours fait et tenter un vote pour un candidat local. Contrairement à mon ancien comté je connais peu les différends candidats. En plus, j’ai manqué le débat entre les candidats qui était à 2 coins de rues de chez moi.

Elle est non-seulement excitante mais elle pourrait être déterminante pour longtemps cette campagne.

Anonyme a dit...

C'est à cause des gens comme toi qui se posaient trop de questions et qui ont voté "stratégique" qu'on s'est retrouvé avec un gouvernement libéral! ;)

J'en déduis que tu ne veux pas que l'ADQ entre dans ton comté mais que voter pour le parti Québécois, te donne de l'urticaire. Pourquoi ne pas voter selon tes convictions pour le parti libéral?

Edouard a dit...

En attendant le « nerf de la guerre », ceci, Gorge, pour agrémenter vostre "angoisse profonde", face au vote stratégique.

Gregory D. Morrow, de DemocraticSpace, (voir http://democraticspace.com/blog/quebec2007/vote-strategique/) est en principe contre le vote stratégique. Mais, notre mode de scrutin étant ce qu’il est, il propose ceci à ceux et celles à qui y pensent. "Une circonscription doit répondre à 3 conditions afin de se qualifier comme admissible au vote stratégique :
1. Il doit y avoir impérativement une course serrée entre deux candidats (ex. 5 % sépare les deux principaux partis)
2. Les chances de victoire de votre parti sont quasiment nulles (ex. moins de 25 % des appuis)
3. Un petit nombre de votes fera la différence (ex. moins d’un vote sur 3)"

Mais vous devez déjà savoir tout cela, Gorge angoissée Profondément. Si j’en parle c’est pour aider vos lecteurEs qui auront à faire face aux mêmes angoisses, fort probablement, la semaine prochaine. J’ai trouvé la remarque de Morrow éclairante, moi qui ne suis pas "politologue de formation". Si Morrow a raison, cela veut dire que vous ne serez pas seul à avoir des angoisses, puisqu'avec ces critères il n'y a à peu près qu'en Outaouais, dans l'ouest de Montréal et dans quelques rares bastions Péquistes et un bastion Adéquiste que le vote stratégique sera inutile. Mince consolation.

Et alors si à peu près tout le monde opte pour le vote stratégique, dans une lutte à trois, ça changera finalement rien. Si les Péquistes votent Adq pour empêcher les libéraux et les Adéquistes votent libéral pour empêcher le Pq et les Libéraux votent Pq pour neutraliser L'Adq, ça va swingner dans boite à bois lundi soir prochain.

Voilà ce à quoi aboutit notre mode de scrutin. On ne vote plus pour ce qu'on veut mais contre ce qu'on ne veut absloument pas. Remarquez que c'est mieux que rien. Mais pas très pro-actif.

Alors aussi bien voter soi-même pour ce qu'on veut, plutôt que de laisser les autres le faire à notre place. T'a ben raisin, Frédiéric. C'est la seule façon de ne regretter rien. Vivement la proportionnelle pour éliminer à tout jamais l'angoisse et le remord de électeurEs. ;0)

Heureusement/malheureusement, je n'aurai pas ces problèmes, vu que je vote dans la cironscription de Hull. Malgré tout le poid de mon vote non stratégique, je vais devoir vivre un autre mandat avec une nouille rouge comme député. Espérons que ce sera de courte durée.

noilifcram a dit...

@brem: C'est drôle j'ai plutôt l'impression que M G. P. a de la difficulté à voter pour le PQ et doit s'en remettre aux libéraux pour empêcher un candidat adéquiste de passer.

Ça me semble plus probable car si son vote stratégique signifie "renier ce pour quoi [il a ] milité toute [sa] vie adulte" alors il voterait libéral et renierait un passé de militant péquiste.

Je pense aussi que chacun devrait voter selon ses convictions, surtout quand la lutte est aussi serrée. Dans mon compté (Verdun) je connais peu les candidats alors je m'en remmettrai à l'idéologie.

Anonyme a dit...

Commentaire jour 7 (en avance)

Mario Dumont devant l'Insitut économique de Montréal... iiiissssh! TOUGH CROWD!! Surtout qu'il n'a, selon ce qu'on peut lire sur le web, pas encore pu dévoiler de vrai cadre financier... Les réponses demain (mardi, jour 6) a répondu le leader de l'ADQ. J'pense que ça sent la nuit blanche pour quelques uns de ses collaborateurs! ;)

PatTheBrat a dit...

@ Edouard

Je comprend votre désaroi mais je refuse de blâmer le mode de scrutin. Celui-ci fonctionnait très bien il n'y a pas si longtemps.

Modifier le mode de scrutin est très complexe et les effets tangible sont difficiles à prévoir. Un peu plus d'implication militante des individus dans un parti ou un autre serait, à mon sens, beaucoup plus bénéfique pour notre démocratie.


@ Brem et Marc

Ma première impression était pourtant qu'il craignait que QS l'emporte dans son comté mais qu'il hésite à voter Bloc Pot.

Peronnelement je garde le cap. Ma décision cette année se fera sur le candidat local.