samedi 26 mai 2007

Le Jour de la marmotte

Quoi? Encore? Vous avez pas l'impression de regarder un mauvais film? On s'absente quoi... disons moins de 90 jours et hop: on fait sauter un chef, on en couronne une autre, et on repart pour un autre 33 jours? Décidémment, un mauvais mauvais film, avec un casting désolant.

mercredi 28 mars 2007

Viens, un nouveau jour va se lever...

... chantait Jacques Michel, et tant pis si je trahis mon âge! Non, je ne vous annonce pas l'arrivée ou la naissance d'un nouveau blogue. 33 jours termine ce soir son existence. Mais avant, j'ai envie de partager une dernière conversation avec vous. On s'assoit, on s'ouvre une bière, on s'allume une cigarette... ok, peut-être pas, mais on jase là, comme dirait Guy A.

Il s'est écrit beaucoup de choses depuis lundi, et les analystes, commentateurs, ti-joe connaissants de tout acabit arrivent tous plus ou moins à la même réflexion: les grands partis sont dû pour une remise en question.

Au contraire, je pense que c'est la société québécoise dans son ensemble qui est due pour une remise en question, ou à tout le moins une sérieuse introspection collective. Pour moi, le résultat de lundi soir trahit, plus que jamais, le malaise dans lequel nous vivons. Une gang de "me, me, moi" ne fait pas une société. La meilleure quote de la campagne revient à Chantale Hébert, questionnée sur ce qui l'avait frappée et qui a répondu: "le vide". C'est ça. Le vide.

On a échangé les confesseurs contre des animateurs radio/télé qui prétendent avoir toutes les réponses, on s'exprime à qui mieux mieux, en se cachant derrière l'anonymat d'un pseudonyme et en s'insultant mutuellement (et pas toujours dans la meilleure qualité de français!), on se précipite au Journal de Mourial ou de Québec dès qu'on s'estime lésé en espérant faire le "front", on inonde les boîtes vocales de J.E. ou de La Facture pour régler ses problèmes, on engueule le prof pour une mauvaise note de son enfant, on se découvre un nouvel ennemi commun (les ethnies), et on s'abruti collectivement en écoutant les télé-réalités.

Nous n'avons plus de projet collectif, et je ne parle pas nécessairement d'indépendance. Aucun des partis, y compris QS, n'avait de programme dégageant une vision, une direction. Que des promesses, que des morceaux de programme. Je regrette, mais un gouvernement n'est pas un buffet à volonté ou on peut choisir de ne manger que du dessert parce qu'on "feel de même, sti". Nous n'avons plus de "leaders", mais nous voulons des "sauveurs" que nous sacrifions les uns après les autres, quand ils tombent légèrement de leur piédestal.

"Larynx abysmal" me faisait remarquer, à juste titre, que Lesage avait la "Révolution tranquille", la nationalisation de l'électricité, la création de la caisse de dépôt, la création des ministères de l'éducation et de la culture. Bourassa a eu les grands projets qui nous ont permis d'asseoir notre développement économique, le premier traité avec les premières nations, la Baie James, l'assurance-maladie. René Lévesque a fait rêver d'un pays, mais a également légué l'assurance-automobile, la Loi sur le financement des partis politiques et la Loi 101. Depuis? Notre dernier projet collectif a-t-il été le déficit zéro? Depuis? On est géré par des comptables, des commis d'épicerie et des gérants de caisse populaire. Le "modèle québécois" a certes besoin d'être revu, mais pas scrappé. Notre avenir ne doit pas ressembler à un relevé bancaire, ou s'aligneront les dépôts et les retraits. Nous avons besoin d'un livre à colorier...

C'est probablement plus facile de rejeter le blâme sur l'autre, sans prendre la responsabilité de quoi que ce soit. Alors on peut continuer à se dire que les partis devront repenser à leurs affaires, mais ça ne changera rien si, individuellement et collectivement, nous ne faisons pas un sérieux ménage dans nos priorités et que nous n'acceptons pas de reconnaître que nous avons également une part de responsabilité dans tout ce qui nous arrive. Dans 8 mois, ou dans 4 ans, quand on aura essayé Mario Dumont et qu'au fond, ça n'ira ni mieux ni pire, on va se dire que c'est de la marde la politique, et on retournera chialer dans notre cour en mangeant nos hots-dogs sur le charcoal...

Je viens d'une région, je suis un code régional mutant depuis quelques décennies et je n'ai pas envie d'élever mes enfants dans une société qui se définit en réaction à, plutôt qu'en action avec. Mes enfants ont des amis à la peau brune, et les filles trouvent jolis les foulards des musulmanes, inconscientes qu'elles sont du symbolisme religieux. Et c'est très bien comme ça. Mes enfants apprécient le couscous ET les fèves au lard. Ils savent reconnaître leurs erreurs et dire "je m'excuse" quand ils ont tort. Et jamais je n'accepterai qu'ils rejettent leurs responsabilités sur le dos des autres. À mon humble avis, c'est très différent du "mettre ses culottes", mais peut-être que je fais trop dans la nuance.

Quoiqu'il en soit, les partis politiques sont le reflet de ce que nous sommes, puisqu'ils sont constitués d'individus comme vous et moi. On peut choisir d'être dans le train et d'essayer d'en changer la direction, ou d'être sur le bord de la "track" et de crier sans pouvoir faire quoi que ce soit. J'ai longtemps choisi d'être dans le train, et j'ai parfois réussi à imprimer une direction différente. Je suis maintenant sur le quai, mais je continue de croire que le militantisme, peu importe pour quel parti, reste la meilleure solution pour influencer l'histoire. Je nous souhaite que le cynisme ambiant fasse la place à une société qui aura le goût de reprendre son destin en main.

Un dernier propos, plus personnel celui-là. J'ai toujours eu beaucoup de respect pour les gens qui écrivent. Écrire, c'est se dévoiler. En commençant 33 jours, je le faisais pour moi, pour garder une trace de cette campagne. Au fil des jours, j'ai développé un lectorat, on a référencé le site sur d'autres et j'ai eu des propositions de média. A ma grande surprise, j'ai alors senti le "poids" de l'écriture. Ou je devrais dire le "poids" du lecteur. Pas que vous êtes pesants, mais j'ai senti une responsabilité d'honnêteté, de pertinence et de présence quotidienne. Certains soirs, je l'avoues, écrire a été pénible. D'autres soirs, par contre, l'écriture m'a permis, à travers mes petites histoires, d'évacuer des souvenirs ou des frustrations, et j'ai trouvé cela très thérapeutique. J'ai aussi constaté avec plaisir que beaucoup de jeunes semblaient y trouver un intérêt et avait envie de s'informer et d'échanger.

33 jours ne reviendra pas pour une éventuelle campagne fédérale. J'aurais l'impression d'être un vieux mononc' radoteur, et puis les campagnes fédérales sont tellement longues... faudrait faire 57 jours, pis c'est ben ben long, ça! Pis y vont faire ça en plein été, la gang de bonyennes, pis le laptop sur le bord de la piscine, c'est dangereux...

J'ai quand même encore envie de vous lire un peu. Je laisserai donc la section commentaires ouverte jusqu'au weekend, puis je la fermerai. J'ai hésité longtemps, mais je ne ferai pas disparaître 33 jours. Il restera sur la toile.

Merci encore à vous tous.

mardi 27 mars 2007

Le Jour d'après

Non, je ne commenterai pas ce soir le résultat des élections. J'ai écouté la soirée électorale en solitaire, dans une chambre d'hôtel, et j'ai passé la journée en formation, loin des journaux, de la télé, d'internet. Je n'ai rien lu, rien écouté depuis hier soir, après le discours de Jean Charest. Au fond, les résultats importent peu, du moins pour ce que j'ai ressenti hier soir.

Ceux d'entre vous qui m'ont lu savent que hier, c'est pour les candidats, élus comme défaits, que j'avais une pensée. Tous ceux et celles qui ont attendu des heures avant que le verdict ne tombe. Il faut soit l'avoir vécu, soit avoir été proche d'un candidat pour ressentir soi-même ce mal de ventre, cette nausée, cette envie de se terrer au fond de la salle de bain jusqu'à ce que la foule parte, que la télé s'éteigne, que le bruit arrête.

J'ai admiré la dignité de Boisclair. Cet homme, en sursis, qui a vraiment cru qu'il avait endigué le désastre jusqu'à la dernière minute. Peu importe ce qu'il a dit, hier c'était comment il le disait.

J'ai compris l'excitation de Dumont. Il a, depuis 13 ans, tenu à bout de bras ce parti, son parti. Imaginez les incessants aller-retour Rivière-du-Loup/Québec, sans compter les tournées de la province. Avec une équipe réduite, pas de chauffeur, pas de "staff" ou presque. Il a dû avoir des sueurs froides, hier, quand l'ADQ menait dans le grand tableau de Radio-Canada. Mieux que quiconque, il savait qu'il ne pourrait pas former un cabinet crédible et livrer la marchandise promise. Depuis hier, la marge de manoeuvre s'est rétrécie: maintenant, il doit aller au-delà du clip.

J'ai aussi ressenti le soulagement de Charest. Lui aussi, à quelque part, il est en sursis. Et il a frôlé l'humiliation suprême, celle de ne pas être élu dans son comté. Comme beaucoup de gens, j'ai aussi remarqué qu'il semblait stimulé par le résultat et que tout à coup, le Charest campaigner était réapparu. Je doute que ce soit suffisant, mais qui sait?

Hier soir, plus que jamais, j'ai vu 3 hommes face à leur destin. Et un Québec profondément schizophrène.

dimanche 25 mars 2007

Jour J

Avant de vous dire d'aller voter, je veux d'abord vous remercier, vous qui m'avez suivi dans cette aventure. Vous m'avez redonné espoir en la nature humaine. Contrairement à ce que j'ai pu lire sur d'autres blogues, à une seule exception, je n'ai pas eu à "censurer" vos commentaires. Vous m'avez fait la preuve qu'on peut encore exprimer des opinions, dans le respect de celles des autres, et débattre de manière intelligente. J'ai apprécié vos commentaires et vos questionnements, que j'ai trouvé pertinents et éclairés.

Je remercie aussi les recherchistes et les journalistes qui ont respecté mon souhait de demeurer anonyme. J'ai écrit ce blogue d'abord pour moi, comme un défi qu'on se lance mais aussi pour garder trace de cette campagne dont je ne soupçonnais pas, au départ, qu'elle pourrait être à ce point excitante. J'avais envie de partager l'autre côté du miroir, celui qui nous permet d'analyser les choses autrement.

Enfin, un remerciement à "Larynx Abysmal", mon collègue silencieux qui a été mon tout premier comité de lecture, pour ses commentaires constructifs, ses scénarii et ses idées et ses questions incessantes sur le "comment c'était quand"...

Pour le reste, il n'y a plus rien à dire aujourd'hui. En politique active, le jour J est le jour le plus long. Et ce soir, il y aura des égos écorchés, des gens qui vivront leur premier deuil politique, des rêves brisés et des illusions perdues. Qu'on soit gagnant ou perdant.

Allez voter! C'est le seul moyen de ne pas perdre le droit de chialer!

Je ne commenterai pas le résultat ce soir. Mais ne vous gênez pas pour venir laisser vos impressions. On se retrouve mercredi. Pour une dernière bière!

Jour 1

Un gros merci à monsieur D., qui m'a gentiment fait remarquer que le reportage sur Louise Harel était l'oeuvre de Katia Gagnon, et non de Patrick Lagacé, auteur, par ailleurs, de celui sur Pierre Paradis. Correction faite!

Ça y est. Plus rien ne peut être fait, ou ne peut être dit. Demain, c'est vous qui serez face au bulletin de vote, décidé ou non. Et c'est nous, collectivement, qui nous donnerons un gouvernement pour quelques mois ou pour quelques années. Et il nous faudra vivre avec.

Ce soir, dans la tête des chefs, c'est l'heure des bilans. À quoi pense Jean Charest, André Boisclair, Mario Dumont, Françoise David/Amir Khadir et Scott McKay?

À tout seigneur, tout honneur. Le premier ministre sortant doit se demander quelle mouche l'a piqué de déclencher des élections à ce moment-ci. Clairement, son entourage a mal évalué la profondeur de la grogne et la "débandade" de Boisclair, facteurs qui ont sans doute pesés lourd dans la balance. Par ailleurs, si le PLQ avait pris la juste mesure du mécontentement populaire, il n'aurait pas choisi de faire campagne sur la continuité... Aurait-il dit, dès le premier jour, qu'il n'avait pas réussi à tenir ses promesses qu'il aurait désamorcé la bombe. Et tous les analystes le constatent: le Charest batailleur, le "campaigner" d'enfer, n'était pas là. Comme si, au bout de 3 jours, le PM avait réalisé qu'il pourrait au mieux sauver les meubles. Fatigue? Lassitude? Mal entouré? On a toujours chuchoté que Charest, homme de "contenant", n'avait que peu de contenu et qu'il ne supportait pas les gens forts autour de lui. Peut-être y a-t-il là un peu de vrai, et que cela explique cette non-campagne de sa part. Demain, si le PLQ retourne à l'Opposition, les couteaux déjà affûtés sortiront rapidement. Qui sera le prétendant? A part Couillard, personne ne semble destiné à un couronnement. Mais sait-on jamais? Monique J. n'a pas dit son dernier mot! Par ailleurs, si la victoire est courte et qu'un gouvernement minoritaire libéral est élu, Charest sera un chef en sursis. Le PLQ ne le limogera pas, question d'organiser le prochain rendez-vous électoral, mais la laisse sera courte, très courte. Un scénario comme l'autre viennent de lui fermer définitivement les portes d'Ottawa. Looser une fois, mais pas deux.

André Boisclair a somme toute fait une bonne campagne, compte tenu que tout le monde le comptait pour mort au début de celle-ci. Rappelez-vous son pathétique "je peux faire mieux"... Comme plusieurs, j'ai été surpris. Il a fait un excellent débat, a su manoeuvrer habilement sans jamais perdre le cap. Peut-être parce que les attentes étaient inexistantes, il aura réussi à sauver sa peau. Mais ne nous leurrons pas: lui aussi est un chef en sursis, peu importe le résultat. Il est trop montréalais, pas assez "comme nous autres". Boisclair a trop voulu, trop vite. Il avait pourtant pris la bonne décision en allant se ressourcer ailleurs qu'en politique. Il a cru, avec le départ précipité de Landry, qu'il pourrait mettre le PQ à sa main, puisque les caribous étaient en déclin. Ils sont ou, les 30 000 jeunes qui l'ont appuyé lors de son leadership? Ou est la nouvelle garde du PQ? Lui aussi, ce soir, doit se demander dans quoi il s'est embarqué, mais il peut légitimement penser qu'il a tenu promesse et qu'il a fait mieux.

"Tout vient à point à qui sait attendre". Mario Dumont est un vieux politicien, malgré son jeune âge. Est-il heureux ou angoissé ce soir? Et si demain, en dépit des sondages, il se retrouvait premier ministre? On a dit et écrit bien des choses sur son manque de candidats ministrables, mais la réalité est là: il aura de la difficulté à livrer son programme, avec le calendrier impossible qu'il s'est imposé, avec très peu de gens expérimentés dans les affaires publiques. Le risque est énorme de se casser la gueule, et dans ce cas précis, la déception sera encore plus grande. Autre facteur: l'organisation défaillante du parti. Être Dumont, je prierais pour qu'il fasse beau, demain. Sa "clientèle", les jeunes familles, travaille. Une fois les enfants ramassés à la garderie, faire la file pour aller voter avec des enfants fatigués et affamés, ce n'est pas la joie. Or, pourra-t-il compter sur des bénévoles pour aller prendre soin des enfants pendant que maman et papa votent? Parce qu'oubliez ça, voter quand on a de jeunes enfants: entre le repas, le bain et le dodo, il sera largement dépassé l'heure d'aller voter. Les intentions de votes, qui ont légèrement faiblies si on en croit les derniers sondages, se traduiront-elles par des votes dans l'urne? Bien malin qui pourrait le dire ce soir. Au fond, Mario doit souhaiter être l'opposition officielle d'un gouvernement minoritaire: en assoyant sa crédibilité, il pourra se monter une organisation qui lui donnera, espère-t-il, la prochaine élection sur un plateau d'argent.

Françoise et Amir. Pour une première expérience, elle semble avoir été moins douloureuse que prévue. Ceci étant dit, QS devra revenir à une conception plus "traditionnelle" d'un parti politique s'il veut sortir de la marginalité. On ne gagne pas une élection avec des prières, encore moins avec une direction bicéphale qui parfois ne tire pas dans la même direction. Il serait dommage que madame David abandonne l'arène politique, mais le discours de la gaugauche n'a plus le même impact. Je sais, vous me direz qu'au début des années 70, le PQ était aussi une organisation broche-à-foin, portée par un rêve... Wake up, boys and girls! Le monde a changé! Harmonium, on adore, mais Arcade Fire existe! QS survivra-t-il à cette élection? Y aura-t-il un rapprochement avec les verts? Avec ce qui semble être une montée de la droite au Québec, y a-t-il place pour un vrai parti de gauche? C'est ce genre de questions qui doit trotter dans la tête de Françoise David ce soir. Et puis, secrètement, elle doit espérer qu'au moins un de ses candidats, sinon elle, soit élu.

Scott McKay. A tout le moins, maintenant, on peut mettre un visage sur un nom et sur un parti. Il aura gagné en notoriété. Le problème c'est qu'au Québec, en matière d'écologie, les bottines ne suivent pas les babines. On est très fort sur les discours, on veut tous Kyoto (mais qui sait exactement ce qu'est Kyoto, hein?), mais si je faisais le tour de vos sacs verts, ce soir, j'y trouverais probablement bien des choses qui devraient plutôt être dans vos bacs de recyclage. Et je ne vous ai pas entendu applaudir à tout rompre à l'idée du gouvernement conservateur de surtaxer les gros véhicules utilitaires ou de luxe... McKay a sûrement envie que vous fassiez votre "x" à côté de son candidat: à défaut d'un député, le parti vert aura des sous pour la prochaine campagne.

Au moment ou j'écris ces lignes, les organisateurs sont à vérifier, une dernière fois, si tout le matériel est prêt pour demain. Certains ne dormiront pas beaucoup. Les chefs dormiront un peu, mal probablement, et devront s'étamper un sourire confiant dans le visage pour aller voter demain devant les caméras de télévision. Après le dernier bulletin de nouvelles, ils auront un dernier entretien avec leurs conseillers proches et iront au lit avec le sentiment que 33 jours, c'est à la fois si long et si court.

Demain, tout peut arriver. Les jeux sont faits. Les paris sont ouverts.

Citation du jour: "Pensez-vous que les journalistes ont ce qu'il faut pour aller en politique" demande Guy A. Lepage. "D'autres y sont allés avec moins que ça", de lui répondre Bernard Derome. J'hésite encore à savoir pour qui c'est le plus dur: les politiciens ou les journalistes?

samedi 24 mars 2007

Jour 2

Ce soir, mettons-nous dans la peau des députés et des candidats. Leur avenir, littéralement, se joue lundi soir pour plusieurs d'entre eux. La démocratie n'a pas que des beaux côtés: vous remettez votre sort entre les mains de gens qui, pour la plupart, ne s'interrogent pas sur ce qui vous arrivera après. Et c'est correct. Ils ne sont pas là pour ça. Mais la politique a cela d'ingrat que du jour au lendemain, vous qui étiez "quelqu'un" dans votre communauté, devenez "c'est qui, lui, déjà?"

Certains le méritent, remarquez bien. Il y a des députés qui ne viennent jamais dans leur comté ou presque, et qui doivent leur notoriété et leur visibilité à un excellent personnel. Et le personnel de comté, peu importe la couleur du parti qu'ils représentent, mérite notre admiration. Ils sont en général sous-payés, et ont, quotidiennement, à gérer les problèmes de monsieur et madame Tout-le-monde. Du chèque de bs ou de régie des rentes qui n'est pas rentré en passant par les fonctionnaires qui ne veulent pas voir le problème, aux dossiers qui relèvent d'un autre palier de gouvernement, la misère humaine défile, day's in, day's out. Et ce n'est pas toujours "glamour". Sans parler des soupers spaghettis de l'association de l'âge d'or locale et de la vente de chocolat des scouts, qui voudraient bien avoir un p'tit coup de pouce du député.

La plupart des députés font un travail convenable. Katia Gagnon et Patrick Lagacé ont fait des portraits remarquables, d'ailleurs, de Louise Harel et de Pierre Paradis, aux antipodes l'un de l'autre, mais pourtant tous deux ancrés dans leur réalité et dans leur comté. Des indélogeables. Mais y'en a quantité d'autres pour qui, mardi matin, la réalité sera que leur population les a mis au chômage. Et ce qui s'applique pour le personnel politique s'applique aussi pour les députés: pas évident de se retrouver un job après. Certains, qui avaient une carrière "autonome" avant, pourront reprendre leur métier; c'est le cas des avocats, des notaires, des professeurs en sans solde. C'est probablement moins évident pour les médecins, qui n'ont pas pratiqué pendant quelques années. J'imagine que le Dr Couillard doit être un peu rouillé...

D'autres auront le bec à l'eau, et ne seront pas admissibles à la pension avant longtemps. Ceux dont le parti formera le gouvernement auront une chance de se retrouver un job d'attaché politique ou attendront une éventuelle nomination partisane. Quoiqu'avec un gouvernement minoritaire, il sera difficile de faire de beaux parachutes aux ex-élus.

A l'inverse, y'a sûrement des candidats qui, ce soir, ont la peur chevillée au ventre: et s'ils étaient élus? Beaucoup d'entre eux, majoritairement à l'ADQ, ont accepté pour le "thrill" d'être candidat, pensant que le 27 au matin, ils retourneraient à leur petite vie tranquille. Or, c'est chez-eux maintenant qu'on ira domper les problèmes. Le danger, c'est quand ils vont commencer à se prendre au sérieux. Pour accepter de mettre son visage sur une affiche, il faut avoir un égo considérable. Quand tu es élu alors que tu ne t'y attendais pas, l'égo devient mongolfière. Et ça prend toujours un certain temps avant de dégonfler. Je me souviens d'un député, jusque là un illustre nobody, hurlant à une pauvre réceptionniste d'un bureau de ministre, 4 jours après l'élection: "Savez-vous qui je suis????" Comme si tout le Québec se souvenait, le lendemain de l'élection, du nom des 125 députés élus la veille! Il a vite compris qu'être député ne lui donnait pas un droit d'office d'être grossier quand il a vu que ses dossiers de comté n'allaient nulle part.

Faire de la politique, c'est accepter de ne pas avoir de contrôle sur son plan de carrière. Tous les ministres vous le diront, s'ils sont honnêtes. Bien peu ont le pouvoir de négocier avec le premier ministre quand vient le temps de distribuer les ministères. Et encore moins quand il est question de le leur enlever. Et encore plus qu'ailleurs, le dicton s'applique: beaucoup d'appelés, peu d'élus...

Citation du jour: «Québec solidaire va certainement avoir un pourcentage de votes mais ça ne veut pas dire que le nombre de députés qu'on aura sera équivalent au pourcentage. Donc il faut un mode de scrutin qui laisse une place à la proportionnelle.» — La porte-parole de Québec Solidaire, Françoise David, souhaitant une réforme du mode de scrutin qui permettrait aux tiers partis d'être représentés en fonction de l'appui populaire. Françoise, parles-en à Mario, y pourrait p'tête te donner quelques trucs. Mais faut être patient, ça l'air.

vendredi 23 mars 2007

Jour 3

Mon texte d'hier semble avoir touché une corde sensible chez certains de mes lecteurs. Il est vrai qu'on s'attarde peu sur l'entourage des chefs ou des ministres, tant et si bien qu'on a l'impression qu'il s'agit là de personnes interchangeables. Ex-confrères, ex-consoeurs, tous partis confondus, unissons-nous! D'ailleurs, il n'y a probablement que nous qui avons apprécié à sa juste valeur l'excellente série "Bunker"...

Le "dérapage" du DGE concernant le vote des femmes voilées m'amène à une réflexion plus générale sur la nouvelle réalité des campagnes électorales. L'omniprésence des médias, y compris d'internet, a changé drastiquement la façon de faire de la politique. On devra s'interroger sur l'opportunité de changer les règles du jeu, et de modifier la Loi électorale. Des experts du cyberespace se sont penchés sur la question, reste à voir si on prendra le temps de les écouter et de les consulter quand viendra le temps d'agir. Le DGEQ a manifestement été dépassé par l'utilisation des blogues et autres Youtube, il devra se moderniser avant la prochaine élection, qui risque de venir plus vite qu'on ne le croit.

Même chose pour les dépenses de campagnes. On a beau vouloir laver plus blanc que blanc, y'a des nouvelles réalités incontournables: des bénévoles, y'en a de moins en moins. Ou alors, il faut leur donner un "incitatif" (les p'tites sandwiches pas de croûte), pas nécessairement un salaire.A tout le moins, payer leurs dépenses personnelles (essence, repas, etc...) Quant au personnel politique, il fut un temps ou il était considéré comme normal de travailler à l'élection. Maintenant, du moins au fédéral, il faut être en congé sans solde. Vous en connaissez beaucoup des gens qui peuvent se priver de salaire pendant 33 jours? Pensez-vous que leur gérant de banque leur donne congé d'hypothèque pendant la campagne électorale? Donc, si vous voulez des gens expérimentés, il vous faut prévoir un salaire pour compenser la perte du leur. Certaines fois, le salaire est comptabilisé, d'autres non. Gomery a mis au jour un certains nombres de ces salaires versés "cash". Les libéraux ont payé. Je ne cautionne pas la fraude. Elle est inadmissible, peu importe les circonstances. Mais on a pas fait enquête sur les autres partis. Or, c'est pratique courante, y compris pour le personnel des bureaux de députés de l'Opposition.

Et pourquoi? Parce que les règles du jeu ont changé, mais pas les plafonds et la nature des dépenses admissibles, du moins pas significativement. Le système lui-même encourage le "contournement" des règles. Donner une chance égale à tous, j'en suis. Ne pas permettre que le financement des particuliers ou des entreprises permettent d'acheter des faveurs post-électorales, j'en suis également. Mais les campagnes électorales ne seront jamais complètement aseptisées, alors autant s'ouvrir les yeux sur les réalités et élargir les dépenses admissibles pour ne pas favoriser la "créativité" dans l'interprétation des règles. Lévesque et le PQ ont fait un travail admirable pour assainir nos moeurs électorales. Mais c'était il y a près de 30 ans. Il est plus que temps qu'on revoit le système.

Ce soir, je me mets dans la peau des organisateurs locaux. Avec les derniers sondages, pour plusieurs d'entre eux, c'est maintenant sur leurs épaules que le fardeau de la victoire vient d'être déposé. Ils doivent livrer la marchandise, et faire sortir le vote. Les organisateurs péquistes et libéraux, aguerris, connaissent bien la mécanique. Les organisateurs adéquistes, probablement un peu moins. Ils devront compter sur le ras-de-bol des électeurs. Tout le monde va prier pour que le matériel soit prêt à temps, que les bénévoles se présentent tel que prévu, que la température soit clémente, que le lunch soit apprécié et que la bière soit froide. Si je peux me permettre une prédiction, une seule, c'est la suivante: les ventes de Pepto-bismol vont grimper en flèche au cours des prochains jours!

Citation du jour: M. Dumont a continué à taper le même clou, en parlant du «manque de jugement» du chef péquiste, qui s'exprime avec de «grands mots qu'on ne comprend pas». (tiré de Cyberpresse). Un autre qui a de la misère avec les grands mots! Va-tu falloir faire ce que les journalistes du Devoir ont fait à Patrick Lagacé, et lui envoyer un dictionnaire?????

jeudi 22 mars 2007

Jour 4

Avis à tous les recherchistes et journalistes qui souhaitent me contacter personnellement: c'est très flatteur, mais j'ai choisi de rédiger ce blogue de manière anonyme, et je choisis de demeurer anonyme. Ne le prenez pas personnel, je fais la même réponse à tout le monde. Ce blogue se voulait un journal de campagne, de la compagne telle que je la vois et que je la vis. Il s'éteindra au surlendemain de l'élection, avec mes derniers commentaires sur le nouveau gouvernement. Mais merci de me lire!

Il ne reste que 4 jours avant le jour J. 4 petites et si longues journées. Dans les comités électoraux, on met la dernière main aux préparatifs finaux. Dans les autobus de campagne, la fatigue commence à laisser des traces, tout le monde a la mèche plus courte. On commence à penser avec plus d'acuité au lendemain de l'élection. Les enjeux sont bien différents, qu'on soit chef de parti, candidats ou membres du personnel politique. J'ai envie de commencer une série sur le côté humain d'un travail inhumain. J'ai envie de vous faire découvrir ceux et celles que personne ne connaît, mais qui ont travaillé sans relâche. Le personnel qu'on dit "politique".

Ce soir, à 4 jours de l'élection, certains vivent probablement dans l'angoisse, d'autres dans l'espoir, et les autres sont probablement trop abrutis par la fatigue pour ressentir quoi que ce soit. Quand vous êtes attaché politique dans un cabinet de ministre et que vous sentez que votre parti sera renvoyé à l'opposition, vous savez que vous venez de dire adieu à votre job. Qui est un job passionnant, l'adrénaline dans le plancher, il faut l'avouer. Le pouvoir, c'est "highly addictive". Au lendemain de la défaite, il faut gérer 2 problèmes: se retrouver un boulot, alors que vous avez une étiquette collée dans le front (et c'est particulièrement vrai à Québec, qui est un petit milieu ou tout le monde se connaît), et apprendre à vivre une vie "ordinaire". Le "post-partum" électoral est dur à vivre. Tout d'un coup, la fatigue des 4 dernières années s'additionne à celle de la campagne. Parce que la réalité, c'est que c'est instantané: pas de préavis de perte d'emploi. Pas de parachute doré permettant un atterrissage dans la fonction public ou dans le para-public. Une prime de départ qui vous permettra de voir venir, un peu. Et surtout, surtout, votre téléphone ne sonne plus. Vous qui étiez si courtisé, tant appelé, non seulement on ne retourne plus vos appels, mais même vos vieux chums ne vous appelent plus, de peur de tomber sur quelqu'un de déprimé. Peu importe la couleur du parti, j'ai connu des gens qui, à la fin de chaque régime, qu'il soit péquiste ou libéral, ont mis des années à s'en remettre.

Ou alors, vous faites partie des chanceux qui, après avoir milité dans l'ombre pendant des années, voient enfin leurs efforts récompensés: votre parti a été porté au pouvoir, et c'est à vous qu'on offrira enfin cette job dont vous rêvez. Méfiez-vous. Y'a plein de monde qui vous attend dans le détour. D'abord, les méchants fonctionnaires, qui vont vous tester pour mesurer votre "naïveté" ou votre "partisanerie". Puis, les non moins méchants journalistes, qui vont essayer de nouer des liens d'amitié avec vous pour mieux vous soutirez les secrets de votre parti/ministre. Enfin, vos propres collègues, qui se feront un plaisir de vous enfarger pour devenir le favori du ministre ou de son chef de cabinet et ainsi se négocier une meilleure augmentation de salaire. Je caricature, vous croyez? À peine. Mais le premier mois sera exaltant, au-delà même de ce que vous pouvez vous imaginer. Certains survivront, d'autres pas. La fin des illusions, ça peut être encore plus douloureux que la perte d'un emploi.

Enfin, y'a tous ceux qui savent que leur parti n'a aucune chance de l'emporter, et qui ont fait la campagne pour le plaisir pur de faire de la politique, pour faire avancer leur cause ou pour aider un ami. Ceux-là iront prendre une ou douze bières lundi soir, et seront au poste pour décrocher les pancartes mardi matin. Ils se promettront de mieux s'organiser la prochaine fois.

Partout, au-delà des programmes, des promesses, des slogans, je n'oublie jamais qu'en politique, il y a des humains. Du vrai monde, comme vous et moi. C'est à eux que je pense ce soir. C'est pour eux que j'aurai une pensée lundi. Pour la joie ou la peine que ces gens-là auront.

Citation du jour: Juste avant, M. Cannon avait assuré que le gouvernement allait continuer à réformer le fédéralisme «de façon à ce que le Québec, encore une fois, puisse être renforcé à l'intérieur d'un Canada fort et uni». (tiré de Cyberpresse). Lawrence, mon vieux, Yvon Deschamps devrait vous engager comme assistant script!









mercredi 21 mars 2007

Jour 5

Tout d'abord, des excuses à mes fidèles lecteurs: une erreur du "pitcher" a fait disparaître l'option commentaires sur le billet d'hier. Merci à Edouard de me l'avoir signalé. L'erreur est réparée.

Et puis, ça commence à vous "démanger" d'aller voter, là? Votre ciment personnel est-il pris? Faites-vous partie de la génération des jeunes? Etes-vous un vieux croûton attaché à son vieux parti et incapable d'explorer de nouvelles avenues? Cette campagne est en train de devenir excitante au possible.

Suite et fin du nerf de la guerre.

Pourquoi tous ces gens, que l'on doit nourrir (et bien!) sont-ils importants le jour du vote? Ce sont eux qui permettent aux organisations de suivre la progression de leur vote. Normalement, si le "pointage" a été bien fait, c'est plus de 70% des électeurs d'un comté qui sont identifiés par couleur sur la liste électorale de l'organisateur, le master. Les listes secondaires, par pôle (sections de votes) sont aussi identifiées par couleur.

Au bureau de scrutin, le représentant du parti assis à la table barre votre nom et votre numéro d'électeur. Ce numéro est ensuite encerclé sur une petite liste qui ressemble à une carte de bingo. Ce sont ces petites listes que les "runners" ramassent à toutes les heures, dans chaque bureau de vote, et rapportent au comité électoral, ou votre nom est barré sur la liste électorale "pointée". Cela permet qu'à partir du milieu de l'après-midi, on téléphone aux gens qui n'ont pas encore voté pour leur rappeler que le vote se termine à 20h00, que leur bureau de vote est situé à ..., que leur section de vote est le numéro XXX et que "si vous avez besoin de transport ou d'une gardienne, nous enverrons quelqu'un vous chercher à l'heure qui vous convient".

À partir de l'heure du souper, donc vers 17h00, les "cartes de bingo" sont ramassées encore plus régulièrement et une petite armée se met au téléphone pour faire sortir le vote. La cadence s'accélère, car jusqu'à 7h45, vous pouvez rappeler à vos supporters que leur vote est important. Si le travail de pointage a été bien fait, si vos gens aux tables de vote sont méticuleux, le résultat est impressionnant. J'ai personnellement vu, dans un comté, un pointage si bien fait que la différence entre celui-ci et le résultat final était de 6 votes.

Bref, Edouard, l'argent est le moyen. Mais la qualité de la nourriture que vous promettez à votre équipe, c'est ça le vrai nerf de la guerre. La prévoyance de l'organisateur en chef, doublé de l'expérience, y'a que ça de vrai. Et pour répondre à votre question, oui, les petites caisses clandestines existent, dans tous les partis, et je vous expliquerai pourquoi d'ici la fin de la campagne. Et non, ces dépenses ne sont pas toujours comptabilisées. Il n'y a sûrement pas assez d'inspecteurs du DGEQ pour faire le tour des comités électoraux la journée du vote pour compter le nombre de boîtes de St-Hubert et exiger de voir les factures...

Citation du jour: «On verra le soir de l'élection ce qu'il en est, mais ça prend des fédéralistes pour réformer le fédéralisme», a dit M. Cannon à sa sortie de la Chambre des communes. C'est-tu ça qu'on appelle une vérité de La Palice??? Vraiment!

mardi 20 mars 2007

Jour 6

Pas ce soir, j'ai mal à la tête. Le cadre financier de l'ADQ? Bof... pas grand chose à dire que les économistes n'auront pas dit. Pour arriver à équilibrer son budget, Dumont devra couper dans le gras inexistant ou presque, malgré ce que tout le monde pense. Et puis, la réalité, c'est que les coûts de système en éducation et en santé sont exponentiels. Difficile de les contenir, à moins de couper sérieusement dans la chair vive. Et ce n'est pas l'abolition des commissions scolaires qui réinjectera suffisamment d'argent pour palier au reste. Mais soyons honnêtes: depuis quand l'électeur vote pour un cadre financier? S'il y en a un, et qu'il lit ce blogue, je le prie de m'envoyer ses coordonnées. Je lui ferai parvenir le recueil de ces textes, autographié. :-)

Petite analyse à 5¢: il doit y avoir des conservateurs au Québec qui commencent à trouver que l'ADQ se colle d'un peu trop près . Là ou les luttes à trois sont réelles, l'ADQ pige généralement dans la clientèle du PLQ, moins dans celle du PQ, ce qui pourrait permettre de laisser passer le PQ et de faire en sorte que le 27 au matin, ce soit un gouvernement minoritaire péquiste qui se retrouve au pouvoir. Ce qui serait très très très inconfortable pour Stephen Harper dans le reste du Canada. Après avoir tant donné d'argent et démontrer tant d'ouverture envers le Québec (l'Unesco, le concept de la nation, etc...), le ROC ne lui pardonnerait pas facilement cette situation. Certes, les conservateurs gagneraient des sièges au Québec (ou du moins on peut le présumer, les programmes et les clientèles étant sensiblement de la même mouture), mais en perdraient dans l'ouest et en Ontario, avec pour résultat de demeurer au mieux un gouvernement minoritaire, et au pire, de retrouver les banquettes de l'opposition. Bref, on commence à sentir une certaine inquiétude. Comme le faisait remarquer Pedro, qui a laissé un commentaire en début de campagne, bien des conservateurs québécois n'ont pas pardonné à Jean Charest d'avoir abandonné le navire pour passer au PLQ. Sur le terrains, plusieurs militants ont préféré donner leur temps à l'ADQ. Mais plus l'engouement envers le parti de Dumont se maintient, plus la réalité commence à chanter une autre chanson. Dans les faits, comment cela se traduira-t-il? Y aura-t-il un mot d'ordre de mettre la machine à off? De voter pour le PLQ, même en se bouchant le nez?

Enfin, pour Edouard, le nerf de la guerre, suite.

Vous avez sans doute vu la publicité du DGEQ invitant les gens à postuler pour travailler, contre rémunération, le jour du vote? Traditionnellement, les deux partis ayant remporté le plus grand nombre de voix dans un comté fournissent au directeur des élections une liste de bénévoles qu'on veut récompenser par une job "payante". Le parti au pouvoir a donc la job la mieux payée, et le parti arrivé deuxième, la job la moins payée. Enfin, les deux autres personnes assises à la table ou on vous remet votre bulletin de vote après avoir rayé votre nom de la liste sont de purs bénévoles, non rémunérés. Dans certains comtés, ou les majorités sont écrasantes en faveur d'un parti, il arrive que les 4 personnes soient des sympathisantes du même parti.

Le nerf de la guerre, c'est le lunch. J'ai vu, de mes yeux vu, des "militants" magasiner leur affiliation pour cette journée après avoir fait le tour des comités électoraux pour s'informer de ce qui serait au menu pour le dîner et le souper. Parce que les partis "riches" fournissent les deux repas. Un bon organisateur se sera gardé des sous pour payer des boîtes à lunch le midi (dans certains comtés, on fait affaire avec des traiteurs), et du poulet "dringdringdring" pour le soir. J'ai même déjà eu au téléphone une dame qui faisait de la surenchère, en m'indiquant qu'elle prendrait notre lunch le midi mais qu'elle changerait de côté de table pour le soir, le candidat de l'autre parti offrant des sushis. C'est vrai pour la journée du vote, mais c'est aussi vrai pour toute la campagne: tous les organisateurs pourront vous raconter que les jours ou on fournissait des sous-marins plutôt que des p'tites sandwiches pas de croûte, le nombre de bénévoles augmentaient en flèche. Même histoire quand madame Tremblay (nom fictif, évidemment) apportait le mercredi ses biscuits maison au gingembre.

Mais pourquoi ces gens sont-ils importants? Suite demain...

Citation du jour: L'élection de l'ADQ serait «une catastrophe», prévient la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, qui conjure ses membres «d'y penser à deux et trois fois» avant de donner leur vote à Mario Dumont. (tiré d'un article de Katia Gagnon, sur Cyberpresse). Ma p'tite madame Carbonneau, vous arrivez en retard: y'a un candidat adéquiste au Saguenay qui l'a dit. La vague de l'ADQ sera un tsunami qui emportera le Québec. C'est pas assez catastrophique pour vous, ça??

lundi 19 mars 2007

Jour 7

C'est long, une semaine à attendre, avant d'avoir les résultats du vote... Oui, j'ai voté. Et j'ai trouvé très intéressantes les différentes théories que vous m'avez exposées, de même que votre intérêt à mettre des noms sur mon malaise. Et non, je ne vous dévoilerai pas ou j'ai finalement mis mon "X". La seule chose que je vous dirai, c'est que c'est la première fois que j'entre dans l'isoloir sans avoir une idée claire de pour qui je voterais. Et que j'ai hésité un bon 60 secondes avant de me décider. Mais voilà, c'est fait. On prend un autre appel.

Le budget fédéral aura-t-il un impact, autre que pour l'équipe de Mario Dumont qui va plancher toute la nuit sur des chiffres? N'y a-t-il pas une ironie profonde à voir que seul le parti souverainiste à Ottawa appuie le gouvernement Harper? Après cela, on s'étonne du cynisme des citoyens à l'égard de la politique...

Les pancartes du PLQ, vantant le travail de leadership du parti dans le règlement du déséquilibre fiscal sont déjà prêtes à être installées, semble-t-il. Dumont répète sa ligne depuis déjà plusieurs jours: le mérite en revient à Harper qui, contrairement à Charest, respecte ses promesses. Quant à Boisclair, coincé par Duceppe qui ne veut surtout pas aller en élections maintenant (le militant souverainiste commence à avoir la langue à terre, et le portefeuille dégarni!), il a eu une jolie ligne (sans mauvais jeu de mots) : "Take the money and run"...

Le contribuable, lui, voit difficilement ce qui pourrait motiver l'électeur. Alors je m'en remets à vous: croyez-vous que ce budget fédéral, qui devait être l'autre moment fort de cette campagne, fera enfin décoller un parti vers les sommets, laissant les deux autres encore plus loin que la marge d'erreur des sondages?

Citation du jour: "Si la tendance se maintient, le parti vert prendra le pouvoir...un jour" Scott McKay, chef du parti vert, en entrevue avec Bernard Derome. J'aimerais bien que monsieur McKay dise vrai. En attendant, Bernard a dû s'étouffer discrètement. On ne vole pas impunément le punch d'un journaliste!

dimanche 18 mars 2007

Jour 8

Ce soir, pas d'anecdotes, pas d'envers du décor, contrairement à ce que j'avais annoncé. Mes plus plates excuses à Edouard, qui attend la suite avec impatience.

Ce soir, j'ai plutôt envie de partager avec vous une angoisse profonde. Je serai à l'extérieur le 26 mars, je dois donc voter par anticipation. Or, voter par anticipation lorsqu'une élection s'annonce, à ce moment-ci, aussi serrée, nécessite une réflexion poussée. Car le vote, cette fois, en sera un stratégique, et non de conviction personnelle.

Dans mon comté de résidence, la lutte se fait vraiment entre deux candidats. Or, je ne souhaite pas que le parti de l'un d'entre eux forme le gouvernement. Simple, me direz-vous, vote pour l'autre, Gorge! Simple? Pas tout à fait. L'autre représente un vote contre-nature dans mon cas. Voter selon mon inclinaison naturelle, c'est comme jeter mon vote dans le feu. Mon vote pourrait être beaucoup plus productif, mais voilà, mettre mon X à côté de monsieur Y, c'est renier ce pour quoi j'ai milité toute ma vie adulte. Je me sens comme si je devais trahir mon côté givré pour faire triompher le côté santé de ma personnalité. Rationnellement, je sais que je n'ai pas le choix. Ce n'est pas mon vote qui changera la donne, mais j'aurai l'impression que j'aurai tout tenté pour empêcher ce que je crains d'arriver.

Probablement que la situation aurait été la même la semaine prochaine, à moins qu'un parti ne se détache clairement en ces tous derniers jours de campagne et que les prochains sondages indiquent tout autre chose. J'ai retardé à demain soir le moment d'aller exercer mon droit de vote, pour voir quelles seront les réactions au budget, ai-je dit. Au fond, je redoute ce moment ou je devrais faire un "x" sur le bulletin de vote.

Combien sommes-nous dans cette situation? Traditionnellement, voter c'est simple. On vote contre un gouvernement, pour un parti, pour un gouvernement, contre un parti. Là, plusieurs voteront contre ce qui pourrait se produire, en souhaitant choisir l'opposition officielle plutôt que le gouvernement. Bizarre, non? Ou faudra-t-il apprendre, pour un temps, à conjuguer cette nouvelle donne dans un système politique tripartite?

Citation du jour: «Lundi, ça va très bien se passer», a lancé le ministre fédéral Michael Fortier à Jean Charest, à sa sortie de la Basilique St-Patrick, où tous deux venaient d'assister à la messe célébrant la Fête nationale des Irlandais, en faisant référence au dépôt du budget fédéral, lundi, à la Chambre des communes. (tiré de Cyberpresse). Ouais ouais. Your check is in the mail, the sequel.

samedi 17 mars 2007

Jour 9

La météo, c'est souvent le facteur "killer" d'une campagne électorale. Prévoir un rassemblement, comme au PQ, et qu'il manque la moitié de vos militants, pognés qu'ils sont dans une tempête, c'est pas de la bonne image télé. Changer de programme à la dernière minute parce que les routes sont fermées et se ramasser dans un foyer de personnes âgées, même s'il s'appelle St-Patrick et qu'on peut faire un lien avec la fête du même nom, ça non plus ça ne fait pas de bonnes images télé. Dans le premier cas, ça donne l'impression que le PQ a de la misère à mobiliser ses troupes. Dans le second, ça en dit long sur le fait que Charest doit se rabattre sur sa clientèle traditionnelle pour ne pas tout perdre.

Y'a que Dumont, finalement, qui dans sa cabane à sucre, a fourni de belles images. Soirée canadienne en plein midi. Plus ça avance, plus cette campagne me déprime. Tout à coup, j'ai l'impression que le Québec est en train de se transformer en un immense Hérouxville. Vous connaissez l'expression "anybody but..."? Ce soir, j'ai l'impression d'être dans un "anybody but 514". Remarquez, je ne réside pas dans le 514. Mais le Québec profond qui refait surface me déprime.

A 9 jours du vote, les organisations locales carburent, ou devraient carburer, à plein. Demain et lundi, jours de vote par anticipation, on en profitera pour tester le pointage et l'organisation du jour "J". Chaque parti, dans son manuel du parfait organisateur, a un plan de match très détaillé pour le jour du scrutin. Car sur le terrain, et c'est particulièrement vrai pour cette élection, c'est vote par vote que le comté se gagne. Il faut faire sortir son vote. Je vous expliquerai demain comment, quels sont les joueurs clés, et quel est l'ingrédient secret de tout bon organisateur.

Pour ce soir, je vous laisse avec un "teaser". L'argent distribué par Marc-Yvan Côté aux organisations locales n'a pas servi à acheter de la pub, ni des votes. Je parle de Côté, mais il ne faut pas être naïf. Tous les partis politiques ont une petite caisse "occulte" qui sert à payer, entre autres, des choses de base: les lunchs de fin de soirée pour les militants, le café du local électoral, l'essence des gens qui font du transport pour amener des gens voter, ou alors celui de l'accompagnateur du candidat, parfois un habit pour le candidat, etc... C'est de l'argent cash qui arrive dans les mains de l'organisateur, no questions asked, et qui part dans des gugusses qui ne seront jamais comptabilisés. Ça peut également payer un conseiller en communication, pour s'assurer que le candidat ne se mettra pas le pied dans la bouche. Bref, ça paye des choses utiles.

Citation du jour: Mario Dumont a exhorté les électeurs à se détourner de M. Boisclair, qui est quelqu'un selon lui «susceptible de nous amener à foncer dans un mur avec l'avenir du Québec». Nous, on est plutôt habitués à voir Jacques Villeneuve foncer dans le mur avec une formule I, m'enfin...

vendredi 16 mars 2007

Jour 10

Pour des raisons professionnelles, je n'ai pas écouté la télé de la journée et j'ai à peine lu les journaux. Ce papier sera par conséquent moins collé sur l'actualité, mais se posera une question existentielle: que peut-il bien se passer, ce soir, dans la tête des vedettes des différents partis, alors qu'il n'y a plus rien d'assuré pour personne?

Comment se sent-on lorsque tout à coup, alors qu'on se voyait ministre, on réalise qu'on se retrouvera député de l'Opposition, perdu dans les rideaux jaune or de l'assemblée nationale? Quand on a été président d'entreprise, ou journaliste à Radio-Canada, ou directeur des services professionnels dans un hôpital, ou à la tête d'un lobby puissant? Parce que les vedettes, on s'en doute, sont presque toujours élues, puisqu'on leur donne des comtés sûrs.

On peut accepter une baisse de salaire en politique, parce que soyons honnêtes, nos politiciens sont très mal payés, en autant que le prestige vienne compenser. Le prestige ou la limousine ministérielle, s'entend. La seule vedette qui doit bien feeler, aujourd'hui, c'est Gilles Taillon, de l'ADQ. Futur ministre des Finances/président du conseil du Trésor/Ministre du développement économique. Ah! et à temps partiel, ministre de la Santé/ministre de la Sécurité publique, pour collecter le "lunch money" des prisonniers.

Trêve d'ironie, je connais quelques députés pour qui le réveil a été brutal. D'énormes pertes de salaires, mais surtout de considération parce que les politiciens sont mal aimés, pas d'équipe autour d'eux pour les aider dans leurs tâches. Des gens qui n'étaient pas venus en politique pour servir leurs concitoyens, du moins pas à titre de député seulement. Et pour qui la vie dans les capitales nationales (la québécoise et la canadienne) n'est pas nécessairement toujours intéressante.

Après le sondage de ce matin, j'aimerais être un petit oiseau dans la tête de Pierre Arcand, ou du Dr Bolduc, ou de Bernard Drainville ou de Christine St-Pierre. Ce soir, ils doivent regretter un peu leur vie d'avant. Évidemment, ils vont tous répéter en choeur que le plus beau métier du monde, c'est député. Ouais ouais, and your check is in the mail!


PS. Selon le prestigieux Globe&Mail, y'a de l'espoir pour Bernard Drainville. Selon un sondage qui sera publié demain, le G&M prévoit, si la tendance se maintient, un gouvernement péquiste minoritaire. L'excuse rêvée pour aller déclencher une élection fédérale! Youppi!

Citation du jour: "Nous allons revoir les missions de l'État, les programmes, de façon responsable, sans détruire ce qui est notre État québécois, dont on a besoin.» — Le candidat vedette de l'ADQ, Gilles Taillon, qui s'est engagé à abolir certains «organismes consultatifs», à effectuer une «revue de programmes» et à «profiter des mises à la retraite des fonctionnaires». (tiré de Cyberpresse). Hum... si ma mémoire est bonne, c'était pas ce que promettait les libéraux en 2003? Et les mises à la retraite, dont a abondamment usé le PQ pour arriver au déficit zéro, notamment dans le domaine de la Santé, c'est pas en partie ce qui fait que la situation actuelle est telle qu'elle est? Bravo, Gilles! Un discours neuf, frais, novateur!

jeudi 15 mars 2007

Jour 11

Ce qui semblait improbable il y a encore quelques semaines pourrait bien être une réalité le 27 mars au matin: un gouvernement minoritaire adéquiste. Et le dernier Léger Marketing décrète que selon une majorité de "sondés", c'est maintenant Mario Dumont qui semble être le meilleur premier ministre potentiel.

Que s'est-il donc passé au PLQ? Que se passe-t-il au PLQ? Ce parti a, et de loin, toujours eu la meilleure machine électorale. De l'argent, des bénévoles, des militants influents. Une équipe rodée. Presque jamais de sable dans l'engrenage. Et là, en 2 jours, c'est erreur de jugement par dessus désastre. Remettons les choses en perspective: de toutes les campagnes électorales auxquelles j'ai participé, et ce à tous les niveaux de gouvernement, des "incidents" comme celui d'aujourd'hui, ou le chef se fait apostropher, c'est monnaie courante. Sauf que lorsque le parti a le vent dans les voiles, ce n'est généralement pas ce que tous les médias montrent ou décrivent. Non, on reste calme: je ne dis pas que les déboires de Charest sont dûs aux méchants journalistes! Je souligne seulement qu'il y a un espèce de phénomène naturel qui fait que quand les tuiles commencent à tomber, on appréhende la catastrophe. On annonce l'ouragan avant qu'il n'atteigne les cotes. Les mauvaises nouvelles sont toujours plus "payantes" que les bonnes.

L'erreur première, à mon avis, c'est d'avoir sous-estimé la grogne réelle sur le terrain. C'est de n'avoir rien de neuf à proposer, juste la continuité. Or, pour plusieurs personnes, la réalité n'est pas rose rose. Du pareil au même, dans les circonstances, c'est pas emballant. Pour les autres, le projet de souveraineté, ce n'est pas non plus emballant, parce qu'il n'est plus associé à un projet de société. Alors le vote des désabusés va se "parquer" à l'ADQ.

Le PQ, quant à lui, ne semble pas remonter suffisamment vite pour inverser la tendance. Mais méfions-nous. En 2003, dans plusieurs comtés ou les résultats ont été serrés, c'est entre le péquiste et le libéral que ça s'est joué. Or, manifestement, c'est dans le vote libéral que l'ADQ va piger. Peut-être pas assez pour gagner ces comtés, mais suffisamment pour faire passer le PQ. On pourrait tout aussi bien se retrouver avec un gouvernement minoritaire péquiste, ce qui deviendrait vite la hantise de Stephen Harper. Le ROC (rest of Canada) ne lui pardonnerait pas ses "largesses" envers le Québec depuis son élection, et particulièrement sa reconnaissance de la nation, pour revenir à la psychose référendaire.

Et stratégiquement, je m'explique mal le soudain besoin de Dumont a se "coller" sur le PM canadien, même si le fait de suivre la même stratégie de campagne (une annonce par jour, des livrables faciles à comprendre - même si la situation économique du Québec est loin d'être celle du Canada ) lui réussi tout à fait. Mais il y a des gens qui commencent à comprendre que le virage à droite, même s'il comporte certains avantages, vient aussi avec des inconvénients, et que sur le strict plan des valeurs, les "réformistes" sont loin de ce que nous sommes. Ou du moins, ce que nous prétendons être.

On fait quoi, dans les circonstances? Le war room du PLQ doit se donner des coups de pied. Les "déviations" des derniers jours sur le plan de campagne pépère doivent donner des sueurs aux gens qui s'occupent de la tournée du chef. Et dans ce cas, le début de panique est mauvais conseiller. Il faut s'en tenir à 3 ou 4 messages, et les marteler sans cesse. On a fait amende honorable pour la santé et les impôts. Maintenant, il faut jouer sur les valeurs.

Le war room du PQ doit aussi se réveiller un brin. Il faut absolument ramener au bercail les souverainistes égarés chez les verts ou chez QS. Ces quelques milliers de voix peuvent, cette fois-ci, vraiment faire une différence dans le nombre de comtés. Le PQ a toujours été solide sur la publicité, sur les thèmes rassembleurs. C'est un peu le vide de ce côté. On a réhabilité le chef, peut-on réhabiliter le programme? Parlons de souveraineté, il sera toujours temps, après avoir pris le pouvoir, de ressortir les "conditions gagnantes"...

Le war room de l'ADQ doit se méfier du triomphalisme. Je n'arrive pas à déterminer si d'annoncer à 11 jours du vote qu'on a mis sur pied une équipe de transition au cas ou est une bonne ou une mauvaise stratégie. Cela avait servi Harper, indiquant ainsi qu'il était prêt. Mais le dernier qui a prétendu "être prêt" ne l'était pas vraiment. Et il doit s'en expliquer aujourd'hui, et deux fois plutôt qu'une.

Ce weekend, les plans de la dernière semaine de campagne seront négociés, supputés, discutés, revus et corrigés. Elle sera fascinante, cette dernière semaine. Quant à moi, je vous dévoilerai enfin quel est le vrai nerf de la guerre pendant une campagne: et non, ce n'est ni l'argent, ni les votes ethniques!

Citation du jour: "On parle beaucoup de curatif, pendant cette campagne, mais bien peu de prévention. Le système de santé coûte cher, mais n'oublions pas que nous sommes la société ou il se prescrit le plus de pillules par habitant" Scott McKay, chef du parti vert, lors d'un débat à RDI ce soir. (la citation n'est pas texto, mais résume le propos). Sérieusement, la citation la plus intelligente sur la santé que j'ai entendu de toute la campagne. McKay a raison: si on posait les bonnes questions, on aurait les bonnes réponses. Waiter, un valium avec ma bière!

mercredi 14 mars 2007

Jour 12

Et maintenant, que vais-je faire, chantait je ne sais plus qui... Maintenant que le débat est passé, quel est le plan de match?

Chaque parti a passé la journée à sonder, tant au plan national qu'au local. Ce soir, ou tôt demain matin, on aura fait le "cross-walk" des résultats et du pointage, afin de déterminer les circonscriptions ou il faut mettre l'accent. A vue de nez, je dirais qu'on devrait beaucoup voir Charest dans la grande région de Montréal, au Saguenay, en Mauricie et en Gaspésie; Dumont dans la région de Québec, la Mauricie, et dans le bas du Fleuve; Boisclair, enfin, devrait concentrer ses efforts lui-aussi dans la grande région de Montréal, et sur les couronnes nord et sud de celles-ci. Les circonscriptions "sûres" seront très peu fréquentées, mais avec une véritable lutte à trois, elles se résument à bien peu de choses maintenant. Finalement, l'Outaouais ne devrait pas s'attendre à être tellement courtisées, sauf pour le PLQ qui devrait être assez habile pour leur donner l'impression qu'elle n'est pas prise pour acquis. Même chose pour la Côte-Nord et la basse Côte, qui devrait demeurer fidèles au PQ. Bref, si le chef est dans votre patelin, intéressez-vous à vos sondages et à vos candidats locaux...

L'autre question est à savoir si l'histoire du viaduc traînera longtemps dans l'actualité. Trop, c'est comme pas assez. Dumont a semé le doute, mais son attitude d'aujourd'hui, à la limite du chien enragé après son nonosse, risque de se retourner contre lui. A mon avis, pas heureux cette histoire de partir après Pierre-Marc Johnson. S'il en est un qui a remarquablement réussi le passage de la politique au privé, c'est bien lui. L'accuser d'être à la solde des libéraux, c'est un peu gros. Charest doit être encore plus "Premier ministre" dans cette histoire et continuer de marteler que si le moindre doute avait été là, les mesures nécessaires auraient été prises. Malheureusement, lui-aussi a une côte de crédibilité à remonter. C'est donc dommage que son ministre des transports ne s'appelle pas Phillipe Couillard... Quant à Boisclair, dans cette histoire, il a trouvé le ton juste. Pas encore assez pour lui assurer le poste de premier ministre, mais le débat d'hier lui a redonné confiance en lui. Espérons seulement que sa gang de belles-mères sera sage d'ici le 26.

Dernier point, grave erreur de jugement de l'entourage de Charest de ne pas avoir respecté l'engagement de rencontrer la fédération québécoise des municipalités. C'est en plein le public cible de Mario Dumont, ça. Et un maire de petite municipalité, c'est pesant.

Franchement, cette campagne s'avère plus intéressante qu'elle ne s'annonçait, vous ne trouvez pas?

Citation du jour: «J'appelle ça la fascination du marteau, a-t-il ironisé. On n'est pas pour ou contre un marteau. C'est un outil, un instrument. On se sert du marteau, oui d'accord, mais l'objectif, ce n'est pas le marteau. On n'est pas des référendistes. On ne cherche pas à réaliser des référendums, on veut faire la souveraineté.» Jacques Parizeau. Référendistes? Promis, ce sera dans l'édition 2009 du Larousse illustré, avec la photo des chefs péquistes.

mardi 13 mars 2007

Jour 13

Première partie (19h34). A cette heure-ci, la nervosité est à son comble. Les chefs n'ont probablement pas été capables d'avaler quoi que ce soit, si ce n'est du café. Leur entourage picosse dans les crudités, les noix, les plateaux de fromage, l'estomac trop noué pour manger. Les équipes sont parties, ne restent que l'épouse et les 2 ou 3 proches collaborateurs. Le silence est pesant, et à moins d'une heure, c'est un peu "Allez, qu'on en finisse"...

Le drame, parce qu'il y en a un, c'est qu'au moins 2, si ce n'est 3 de ces chefs, jouent leur avenir politique ce soir. Parce qu'on est ainsi fait: on déteste les perdants, et la tradition qui s'est établie veut qu'un "loser" soit viré, ou se vire lui-même sitôt les résultats de l'élection connus. C'est dommage.

Le PLQ, particulièrement, ne pardonne pas à un chef qui perd le pouvoir. On lui laisse une certaine liberté "surveillée" à l'opposition, mais pas au pouvoir. Le PQ, quant à lui, ne pardonne pas à ses chefs de ne pas être René Lévesque. Et encore là, dans ses derniers milles comme chef du parti, on ne pardonnait pas à René Lévesque de ne plus être LE René Lévesque.

Mario Dumont, c'est une autre histoire. Il peut être le chef. Il lui manque un parti. Un vrai. Un parti avec des racines, des militants, une organisation. Qu'il perde ou gagne, son parti ne réclamera pas sa tête. Mais sa crédibilité personnelle en sera entachée. On peut expliquer la débandade de 2003, pas celle-ci.

Pour ceux que ça intéresse, plusieurs personnes vous blogueront ça en direct.

Deuxième partie. (22h50) C'est pas encore tout à fait l'heure de la bière, mais elle sera bonne en maudit! D'autres vous feront l'analyse poussée des répliques, des enjeux, des performances. Quelques impressions à chaud.

A vue de nez, je partage l'opinion de Liza Frulla: on a joué pour la deuxième place. Malgré un départ très fort de Dumont (son public cible, les jeunes familles, ont sûrement écouté les premières minutes, puis sont allés vaquer à leurs occupations de parents), il a semblé s'essouffler et a manifestement été faible sur la partie de la gestion publique. Lâche les prisons, Mario, ça fait Harper un peu trop! Quant au document, je crois qu'il s'agit d'une erreur stratégique. Pas sûr que ça ne se retournera pas contre lui.

Boisclair semblait endormi au gaz la première heure. Nervosité de débutant. Juste à le voir se triturer les jointures, on sentait qu'il se demandait sérieusement s'il parviendrait à tenir les deux heures. Or, mystérieusement, il s'est réveillé. Je lui donne même la palme de la meilleure citation de la soirée (voir plus bas). Je crois même qu'il aura réussi à redonner un second souffle à sa campagne. Mais les attentes à son égard étaient tellement basses qu'il pouvait difficilement décevoir.

Quant à Charest, c'est triste à dire, mais il est meilleur dans l'opposition qu'à défendre le bilan de son gouvernement. Toute sa fougue, son mordant, pouff! Disparu. On joue défensif, on joue pépère. Même la petite pointe d'humilité (il aurait été difficile, après la sortie de Paradis, de faire autrement) n'aura certainement pas réussi à convaincre personne. Mais, en toute honnêteté, il a joué le rôle du premier ministre et n'a pas trop mal paru. A-t-il gagné? Non, mais il n'a pas non plus perdu trop de plumes. On ne l'aime pas, mais faute de pain, on mange de la galette.

Demain, c'est pas congé. Les partis doivent capitaliser sur les bons coups de ce soir. Le débat et la perception publique qui s'en dégagera, feront cristalliser les intentions de votes chez beaucoup d'indécis ou de "magasineux" de parti. Le prochain sondage devrait faire apparaître un début de tendance. Et il ne reste que 12 jours pour vous décider.

Alors selon vous, qui est le gagnant? Et si vous me répondez Jacques Moisan, vous aurez raison!

Citation du jour: "Pour paraphraser, je dirais que si ça existait, on l'aurait!" André Boisclair, raillant la position autonomiste de l'ADQ . Mon éclat de rire de la soirée. Et un bon jab!

lundi 12 mars 2007

Jour 14

C'est demain le grand soir. Mais au-delà des chefs, dont on connaît maintenant à peu près tous les secrets de préparation, l'élément le plus fascinant, ce sont les "spin doctors", ceux qui tenteront d'influencer la perception des médias et du public suite à la performance de leur poulain.

Dans l'ancien temps, lire à l'époque pré-blackberry, la préparation des "spins doctors" égalaient celle des candidats, mais en accéléré. Elle se faisait pendant le débat alors que fébrilement, on prend des notes, on teste quelques lignes avec l'entourage, on écoute les premiers commentaires des analystes pour rectifier le tir et on envoie quelques gros noms du parti parler aux journalistes. Traditionnellement, les "spins doctors" sont des candidats vedettes, ou alors les gens qui sont responsables des communications, à l'exception des attachés de presse, trop occupés à gérer le traffic. Ce sont souvent des ministres pour le parti au pouvoir, ministres reconnus pour leurs liens conviviaux avec la presse parlementaire. Bref, tout se faisait en vase clos, dans les coulisses du débat, et le tout ne dure que quelques heures. Pas pour rien que les chefs font leurs points de presse un peu plus tard. Il faut avoir laissé le "spin doctor" faire son travail.

Depuis l'avénement du blackberry, la dynamique s'est quelque peu modifiée. Toute personne ayant un certain jugement et un brin de sens politique peu être aidante, peu importe sa localisation. Par exemple, au dernier débat fédéral, un copain "spin doctor" m'a rejoint sur mon bb pour me demander quelle serait la ligne à utiliser pour son patron. J'ai répondu, bien que je ne fasse plus de politique active depuis un bout. Mais un copain reste un copain, même si on a pas voté pour son parti. J'avoue une certaine satisfaction à l'avoir lue, texto, dans le journal du lendemain...

J'imagine que demain soir, les bb surchaufferont et que dans la masse de "conseils stratégiques" reçus, il sera difficile, à chaud, de trier le bon grain de l'ivraie, comme disait m'sieur l'curé. Le danger, c'est de court-circuiter l'info et de perdre le fil. Tiens, j'aimerais bien savoir ce que John Parisella, qui a longtemps été le "spin doctor" attitré du PLQ, pense de l'èreblackberry...

Citation du jour: «L'élément-clé, ce n'est pas de gagner le débat, mais de faire mieux que les attentes», croit M. Léger (de Léger Marketing, tiré de Cyberpresse). Bref, si on s'attend à rien, ils vont tous les trois gagner le débat et on finira la campagne dans l'allégresse! Yes! Yes! Yes! Ça devait donc être simple dans le temps de Lesage et Johnson père.

dimanche 11 mars 2007

Jour 15

Un vieux sage disait qu'en politique, on a intérêt à garder ses ennemis tout près de soi. C'est manifestement ce que Jean Charest n'a jamais compris. En écartant Pierre Paradis de son conseil des ministres, il venait de se créer un ennemi qui n'attendait que le moment propice pour abattre ses cartes. Et aujourd'hui, il a commencé à ouvrir son jeu. Dans son cas, il pourra difficilement plaider le lapsus. Ou l'erreur bébête. Aguerri comme pas un, c'était un "move" calculé.

Paradis sera réélu dans son comté. Depuis le temps, il s'est tissé un énorme réseau de "IOU", et fondamentalement, les gens l'aiment. A l'exception de ceux qui le détestent, évidemment. Parce qu'avec lui, on ne peut pas être tiède. Être député dans l'opposition ou député au pouvoir, quand tu sais que tu n'accèderas pas au cabinet, y'a pas grande différence. Alors autant avoir du fun et faire suer le boss, non? Et je suis convaincu qu'il le fait avec beaucoup de plaisir... et un brin de sadisme.

Pour le reste, performance Dumonesque à TLMP. N'eut été de l'échange avec la fantastique Chantale Hébert, le tout ne serait pas passé à l'histoire. J'admire la journaliste. Sur ce genre de plateau, en face à face avec le politicien, elle n'a pas cillé, n'a pas fait sa "cute" et lui a asséné quelques jabs bien sentis. C'est probablement la première fois de la campagne qu'on voit le fini lisse de Mario Dumont craqueler un peu. Juste un peu. Elle n'a pas été plus douce avec Charest ou Boisclair. Avec Michel David, du Devoir, elle fait partie de ces trop rares journalistes qui ont le sens "historique" et qui vont au coeur des enjeux. Un jugement impitoyable.

Autrement, on sait que la pression monte dans tous les camps en prévision de mardi soir. Elle monte pour les chefs. Elle monte pour l'entourage. Y'en aura pas de facile. Et le lendemain, y'en aura un pour dire que la puck roulait pas pour eux-autres.

Citation du jour: "Monsieur Dumont est un politicien de droite, il s'excite difficilement" Chantale Hébert. Yup.

samedi 10 mars 2007

Jour 16

Il faut une bonne dose de cynisme et d'idéalisme, voire de naïveté pour faire de la politique. Que ce soit comme candidat, ou parmi le personnel politique. En fait, pour être franc, on y entre naïf et on en ressort cynique.

A ce point de la campagne, alors que les chefs et leur entourage se préparent pour le combat/débat de mardi soir, les candidats participent à quelques activités dans leur comté. A proscrire, donner des entrevues de fond qui pourraient embarrasser le chef (à cet égard, Mario Dumont a vite appris la leçon: le tata a été congédié en moins de temps qu'il en faut pour dire hijab!). Et on doit supputer fort, dans les organisations locales, sur l'issue du débat, surtout après la lecture du CROP de ce matin. Je vous fais ma première prédiction de la campagne: ils seront tous gagnants après le débat! Si, si, je vous le jure. Je n'ai pas vu les lignes de presse qui seront préparées par les partis, mais elles tourneront toutes autour du fait que leur chef a eu le dessus, la "ligne qui tue", ou alors l'argument massue. Vous m'en reparlerez mercredi, tiens.

Mais secrètement, il y a des candidats qui doivent se demander dans quel bateau ils ont embarqué. Certains parce qu'ils se savaient "potiche" ou "poteau" - un candidat qui n'a aucune chance de se faire élire, mais qui le fait pour ne pas laisser d'espace vide à côté du nom de son parti sur le bulletin de vote - donc, ceux-là qui tout d'un coup se voient peut-être député et qui ne veulent pas. Ça arrive, vous savez. Un candidat qui se présentait dans un comté fédéral perdu s'est retrouvé, à son corps défendant, député aux lendemains d'une élection, et s'est présenté à l'Assemblée nationale du Québec pour son assermentation. Il a fallu lui expliquer que la Chambre des communes, c'est à Ottawa...

D'autres, qui se voyaient députés, doivent commencer à réaliser que les chances non seulement sont minces, mais qu'ils se retrouveront, le 27 au matin, à la tête d'une équipe décimée, cherchant désespérément des volontaires pour aller enlever leurs pancartes.

D'autres enfin, gros égos parmi les gros égos, voient s'éloigner la limousine ministérielle. Et je parle pas que des actuels ministres du gouvernement Charest. Y'en a tout plein, dans tous les partis (bon, excluons QS et les verts, ils sont quand même un peu réalistes), qui se voyaient déjà à la table du cabinet. Ceux-là trouveront le mois d'avril long et pénible. A moins qu'ils fassent le saut au fédéral, parce que celle-là s'en vient tout de suite après, parole de Gorge profonde!



Citation du jour: «C'est comme un peu toutes les autres campagnes (électorales), ça parle beaucoup, mais on ne va pas en profondeur. C'est assez désolant.» Jacques Proulx, président de Solidarité rurale (tiré de Cyberpresse). Rien à rajouter. Il a tout à fait raison.

vendredi 9 mars 2007

Jour 17

J'étais sur le point de me dire que la campagne manque à ce point de substance que de prendre 20 minutes pour venir déballer mes états d'âme était une perte de temps quand on m'a montré... un autre tata.

Vous allez penser que je m'acharne. Même pas. Au pouce carré, difficile de faire mieux. Et puis, j'en ai marre des promesses: 5000$ pour le troisième enfant (est-ce par famille, y compris les familles reconstituées, ou à l'utérus porteur qu'on calcule???) de l'ADQ, -20% sur le montant mensuel de la carte de transport en commun du PQ, un ministre des p'tits vieux du PLQ... Nulle part, je ne vois de vision, nulle part je ne vois de projet de société. Juste un tas de promesses, sur fond d'un air connu de chez-nous c'est chez-vous, dans nos campagnes, lalalalalère...

Dans mon taxi, ce soir, le chauffeur me disait que pour la première fois, ses clients lui parlent très peu de la campagne électorale, et encore moins de leur désir d'aller voter.

Il me reste un espoir: le débat des chefs. Liza Frulla a raconté hier dans La Presse comment se passe les jours avant. Elle m'a scoopé, la mausus!

Citation du jour: À son avis, sa formation politique est la cible d'une «chasse aux sorcières» qui a «dépassé les bornes». Il vaudrait mieux s'attarder à faire le bilan du gouvernement libéral sortant, a-t-il plaidé, en point de presse. Mario Dumont.
Oups...


Et puis tiens, puisque je ne veux pas me faire accuser d'acharnement, fusse-t-il thérapeutique, une autre petite: «Je suis disponible à tout ce que me demandera le parti dont je suis membre», a soutenu M. Landry, qui se dit «ragaillardi» par les derniers jours de la campagne électorale.
Reoups.. Libidum papum papadum!

Et puis tiens, comme je m'amuse : «La nature humaine est telle que nous sommes beaucoup gouvernés par des habitudes. C'est un effort que nous devons faire pour sortir de ces habitudes-là pour aller vers les femmes», a expliqué M. Charest en point de presse.
Nah, bouge pas, mon Jean. Elles iront vers toi! Mais peut-être pas pour ce que tu crois!

jeudi 8 mars 2007

Jour 18

Plus ça va, plus ce qui me déprime, désespère, décourage, déçoit et n'ayons pas peur des mots, décrisse, c'est de voir que même si les 3 chefs de parti ont tous moins de 50 ans, ils font de la vieille politique.

Entre la campagne en 94 de Daniel Johnson contre Jacques Parizeau, deux hommes qu'on disait d'une autre génération, et celle de maintenant, y'a pas grande différence: mêmes thèmes, mêmes promesses, mêmes menaces. Santé, éducation, souveraineté, fédéralisme... Éducation, santé, souveraineté, fédéralisme... Dans l'ordre ou dans le désordre. Déprimant. Et MarioDumont, même s'il a quelques idées nouvelles, semble calquer son modèle de campagne et de programme sur Stephen Harper. Les anglos appellent ça du "déjà-vu". Les jeunes peuvent bien refuser de s'intéresser à la politique, sauf quand Loco Locass chante "Libérez-nous des libéraux".

Je vous entends ronchonner! Gorge profonde, t'oublies l'environnement. C'est neuf, ça comme thème. C'est jeune, c'est frais, c'est dynamique! Ah oui? Laissez-moi réfléchir... ouais, p'tête ben. C'est vrai qu'en politique, on applique la règle des 3 R: recycler (un programme, une idée, une vision), réutiliser (des menaces, des promesses, des annonces) et réduire (des budgets, la taille de la fonction publique, la dette, le déficit). Ouais, vous avez raison, on est en plein dans le développement durable!

Citation du jour: "J'en ai déjà plein mes bottines, je vais laisser les autres s'occuper de leurs candidats" Mario Dumont, questionné sur le candidat péquiste Philpot.
Bravo! C'est l'application d'un vieux proverbe chinois, dont j'inscris ici une traduction libre: "Ma marde, mais rien que ma marde!"

mercredi 7 mars 2007

Jour 19

Cynisme, quand tu nous tiens! On m'a demandé, ce matin, si je croyais que le 48 secondes de silence d'André Boisclair été "stagé". Un chroniqueur se demandait si le lapsus de Jean Charest était volontaire, et toute l'histoire autour une manière de faire passer un message indirect sur le "trou noir" de l'après-référendum. Parlez-en en bien, parlez-en en mal mais parlez-en, vous voyez le genre?

Bien sûr, les campagnes électorales se font à partir de stratégies politiques de communications. Une campagne électorale, c'est comme une partie d'échec de haute voltige. J'avance mon pion, tu prends ma reine, je t'échec-et-mat! Les émotions, réelles, sont rares. Mais elles existent. Il y a même parfois des moments de grâce.

En pleine campagne électorale, alors que les "douces" marchaient dans les rues, j'ai vu un premier ministre accepter de prendre, en privé, quelques minutes d'un horaire chargé pour rencontrer une très jeune femme, atteinte d'un cancer en phase terminale, et dont le souhait le plus cher était de pouvoir faire autographier le livre qu'il avait écrit des années auparavant. Il a fallu convaincre l'entourage, mais c'est le premier ministre lui-même qui a mis fin à leurs tergiversations en entrant dans la petite pièce à côté de la salle de conférence de presse.

Alors que dehors, les "douces" scandaient des slogans antigouvernementaux, alors que le bruit était assourdissant, un premier ministre s'est doucement assis près de cette jeune femme frêle, aux yeux trop grands dans un visage trop mince, des yeux brillants d'émotion. Le silence s'est fait et nous avons quitté la pièce, les laissant seuls. Les quelques minutes sont devenues une demie-heure, et quand le premier ministre a finalement quitté, il nous a remercié de lui avoir permis de rencontrer quelqu'un qui lui avait donné l'énergie de continuer cette campagne difficile. L'émotion, tant chez-lui que parmi nous tous, était vraie et palpable. L'autobus de campagne est reparti, en retard. L'interlude de la vraie vie était terminé, the show must go on mesdames et messieurs!

Des années plus tard, je veux croire qu'une telle rencontre serait encore possible et que les faiseurs d'image n'ont pas gommé l'humain qui existe dans chaque candidat à une élection...

Citation du jour: «La notoriété de Reid lui donne un avantage. Mais je suis confiant de l'emporter. À mon avis, la campagne n'est pas vraiment commencée. L'intérêt des gens n'est pas très grand pour le moment», soutient M. Breton (candidat péquiste) (tiré de Cyberpresse, article de Jean-François Gagnon).
Heu... si dans Orford, la campagne n'est pas vraiment commencée, faudrait peut-être leur dire que le vote est le 26 mars? Ou alors, on nous a menti depuis des mois en parlant de la mobilisation des citoyens? De kossé, m'sieur chose???

mardi 6 mars 2007

Jour 20

Intéressante, la sortie de Vincent Marissal sur son blogue de Cyberpresse. En gros, il chicane le "peuple" de mettre la faute sur les médias quant au peu de contenu de la campagne électorale, alors que la majorité des ours se contente du clip aux bulletins de nouvelles.

Intéressant parce que fort probablement vrai. Mais pourquoi donc ce coup de gueule? Parce que c'est le chien qui court après sa queue. Les journalistes ont des contraintes de temps (le reportage de 2 minutes), d'espace (2 feuillets, et intelligents svp!), de deadline (faut rentrer pour le bulletin de 17h00)... Ca laisse peu de temps pour l'analyse en profondeur. Les partis, quant à eux, tiennent à occuper l'espace média, donc modulent les messages en fonction des contraintes des journalistes. Bref, on en sort pas.

Mais il y a aussi le phénomène de donner au peuple ce que le peuple demande. Dans une société qui valorise la télé-réalité (non, ne me dites pas que ce n'est pas vrai, sinon je vous sors les cotes d'écoute de Loft Story versus Zone libre!!!), les émissions comme la Poule aux oeufs d'or ou le Banquier, pas sûre que de longues émissions ou des cahiers spéciaux sur les programmes des partis obtiendraient un succès fou. Dans une société qui croit au Père Noël, lire ici les promesses électorales, tous partis confondus, et qui se fonde là-dessus pour choisir son gouvernement, on se surprend même que les partis aient encore l'idée de faire un programme électoral.

Là-aussi, c'est la poule et l'oeuf. Les gens sont-ils désabusés de la politique parce que la politique, aidée des médias, est devenue affaire d'image, ou alors parce que les gens ne veulent plus rien qui demande un effort de réflexion et que les politiciens essaient d'être "divertissants"? Posez la question à votre entourage: on veut quoi, de nos partis politiques? On attend quoi de nos leaders? J'ai personnellement un problème avec la politique spectacle. Je veux des hommes et des femmes d'État, pas des clowns pour m'amuser. René Lévesque, Robert Bourassa avaient tous deux beaucoup d'humour. Pourtant, je les imagine mal se contorsionner à TLMP ou faire des tartes en compagnie d'Éric Salvail. Et vous? Vous croyez que c'est essentiel, maintenant, pour capter l'attention des voteurs?

Citation du jour: Pour l'ensemble de son oeuvre, Jean-François Plante. Dont le blogue a mystérieusement disparu ce soir. Dommage, il y avait là matière à plusieurs citations!

lundi 5 mars 2007

Jour 21

Du sable dans l'engrenage, c'est ce qu'avait l'air de se dire Mario Dumont devant les déclarations de son candidat "Extrêmement" délicat et modéré sur l'équité salariale et autres cossins comme la violence conjugale. Et quand on commence à faire la comparaison avec les dérapages des candidats de Harper en 2004, qui lui avaient coûté la victoire, c'est qu'on parle d'un gros grain de sable. Dans le genre caillou dans la sandale qui enlève tout le plaisir de la marche sur le bord de la mer, fusse-t-elle aussi belle que sur la Côte-Nord.

Etre Charest, je ne pavoiserais pas trop cependant. Beaucoup de ses candidats en sont également à leur première expérience, et personne n'est à l'abri de ce genre de déclaration fracassante. Souvenez-vous de Pierre Arcand... C'est pour ça, entre autres, que les candidats vedettes, avant d'être confirmés et présentés à la presse, sont souvent testés sur le "hot seat", espèce de scrum improvisé qui sert à harceler par des questions un individu qui, même s'il est une vedette dans son milieu, n'est pas nécessairement habile à répondre aux journalistes. J'ai vu des candidats comparer, dans la même phrase, Jacques Parizeau et Hitler... et la comparaison n'était pas voulue, je le jure. J'ai vu des candidats souligner le magnifique travail fait par le parti adverse... J'ai vu des candidats soutenir une chose et son contraire, et du même souffle, plaider la cohérence. J'ai vu des candidats perdre complètement leur sang-froid.

Tout ceux-là, on doit les encadrer sérieusement. On leur fourni des "nounous", des gens expérimentés tant au plan politique qu'avec les média. Souvent des anciens attachés de presse, qui les suivent pas à pas. Qui leur mâchent la ligne du jour, qui les empêchent de s'approcher de trop près du précipice de la déclaration qui tue. Qui peuvent, parce qu'ils connaissent bien les journalistes parlementaires, essayer de réparer les pots cassés ou atténuer les propos cités "hors contextes". D'autres sont nés prudents, et maîtrisent admirablement l'art de ne rien dire. C'est incroyable quel point on peut vite développer le syndrome de la langue de bois.

Peu ont le sens inné du "clip", de la phrase qui fait image et qui reste. Ceux-là sont promis à un bel avenir. Avec ou sans caillou dans la chaussure.

Citation du jour: «La souveraineté du Québec ne fera pas pousser les arbres plus vite», mais elle permettrait d'adopter des politiques cohérentes, «sans qu'on ait toujours, «maudit», à les faire ces négociations à Ottawa, comme si Ottawa nous faisait des cadeaux» André Boiclair.

Je ne voudrais pas qu'on m'accuse, moi aussi, d'ignorer le chef du PQ. Et cette citation, je la trouve délicieuse. Non, la souveraineté ne fera pas pousser les arbres plus vite, ni venter moins fort. Le fédéralisme non plus, d'ailleurs. Les seuls qui sont crédibles, en ce domaine, ce sont les verts. Et Richard Desjardins!

dimanche 4 mars 2007

Jour 22

Ça y est. LE vrai gros mot a été lâché. Panique.

Il faut avoir fait des campagnes électorales à la permanence d'un parti pour connaître ce sentiment, à mi-chemin entre l'hystérie et le désespoir. Quand le matin, à l'arrivée, y'a plus personne d'inspiré pour pondre la ligne du jour, quand même le GO (tous les partis ont un Gentil Organisateur, en chef ou désigné pour maintenir le moral des troupes...) ne sourit presque plus. La panique, c'est quand les sondages internes, comté après comté, sont encore pires que ceux publiés dans les journaux. La panique, c'est quand le responsable de la tournée n'arrive plus que difficilement à trouver des destinations pour le chef. C'est quand la dame responsable des bénévoles vous dit que les comités électoraux sont à moitié vide, soir après soir. C'est quand vous arrivez à la permanence et qu'un inhabituel silence accompagne le bruit des journaux que l'on lit en prenant le 12e café - et il n'est que 7h45. Quant le moindre reportage à la télé vous semble négatif, que le téléphone sonne et que la personne au bout du fil vous demande l'impossible et qu'au fin fond, vous voulez retourner vous coucher. La désespoir, c'est un article de l'Actualité qui arrive sur votre bureau, sans un mot, relatant une conversation entre deux fonctionnaires. Vous fermez les yeux. Vous savez.

La panique, elle est interne. Elle n'est pas commandée par un recul de 2 points dans les sondages, ou parce que l'adversaire vous dit que vous paniquez. La panique, dans un contexte électoral, c'est comme un virus qui se propage et dont vous n'arrivez pas à vous débarrasser.

Ce n'est pas ce que je vois à l'heure actuelle. Ni au PQ, même s'il y aurait peut-être lieu de s'inquiéter. Ni au PLQ, qui a encore suffisamment d'avance pour espérer former un gouvernement minoritaire.

D'ailleurs, je viens d'écouter André Boisclair à TLMP. Il a retrouvé son souffle, on dirait. Il joue moins faux. Pas encore tout à fait dans le registre d'un PM en puissance, mais plus du tout la bête traquée qu'il semblait être devenu depuis quelques mois. N'empêche, le climat à la permanence du PQ doit être lourd. Mais ce n'est pas encore la panique. Du moins, je ne le pense pas.

Le pire, c'est qu'en bout de piste, perd ou gagne, on y a donné toute son énergie. Et si la victoire donne des ailes, la défaite est une pente qui est longue à remonter.

Citation du jour: «Tout ce qui se dit ailleurs est une position personnelle.»
Mario Dumont, à propos des déclarations d'un de ses candidats en faveur de l'abolition le registre des armes à feu. (tiré de Cyberpresse).
Et la somme des positions personnelles donne un programme de parti???? Waiter, 2 autres bières!

samedi 3 mars 2007

Jour 23

Le diable est aux vaches, le PQ encourage les producteurs de porc, Mario joue aux quilles pendant que son candidat fait l'équation chasseurs = conservateurs, Charest se promène en Abitibi et "entend" les revendications des travailleurs d'usine. Journée faste, alors que dire de plus? Ah oui! "Autonomiste, autonomiste, autonomiste! Ça veut dire en clair un Québec fort dans un Canada uni" Yvon Deschamps savait-il qu'il avait inventé un concept?

Citation du jour: «Un renard qui se pose des plumes ne devient pas une poule pour autant»
Henri Massé, président de la FTQ, sur la «conversion» social-démocrate récente du PLQ. (tiré de Cyberpresse)
Pour une fois, je n'ai rien à rajouter devant tant de limpidité...

vendredi 2 mars 2007

Jour 24

Je m'ennuie du parti Rhinocéros. Il me semble qu'eux, au moins, faisaient des promesses loufoques en sachant qu'ils faisaient des promesses loufoques. A écouter les partis ces jours-ci, je me dis qu'ils ignorent à quels points ils peuvent être à côté de leurs pompes, parfois.

Une chance, Québec solidaire existe. Non, je ne discuterai pas du bien-fondé de leur programme. Il est essentiel d'avoir un parti de gauche dans notre société. Ne serait-ce que pour nous rappeler, collectivement, qu'il existe encore des "pauvres", des gens qui n'ont eu aucune chance dans la vie, des locataires habitant des taudis loués à des prix exorbitants, des itinérants, des enfants qui ne mangent pas toujours à leur faim et des femmes qui vivent dans une misère digne du tiers-monde, camouflée derrière nos mots ronflants et nos bonnes intentions. Qu'on veuille rétablir l'équilibre en redistribuant la richesse, j'en suis. Pour paraphraser Félix Leclerc, qu'on arrête de donner du poisson aux gens et qu'on leur montre à pêcher, j'en suis. Tout à fait et deux fois plutôt qu'une.

Mais comment peut-on voir en Québec solidaire une alternative crédible? Un parti sans chef mais avec une direction bicéphale, des candidats associés, et deux partis (QS et le Parti Communiste) pour le prix d'un... Je sais, c'est une jeune formation politique, qui a tout à apprendre et qui n'a pas encore ni l'expérience ni les travers des vieux partis. Mais Françoise David a pourtant trempé, quand ce n'est pas dirigé, moultes associations toutes plus organisées les unes que les autres. Et Amir Khadir, sous des dehors rebelles, n'est pas le dernier des tarlais que la terre ait porté. C'est dommage, parce que beaucoup de gens, à cette élection, auraient pu être tenté par l'aventure.

Citation du jour: «Les choses vont très bien. Regardez-nous bien aller.» André Boisclair
J'ai juste pas hâte de voir quand ça va mal aller...

jeudi 1 mars 2007

Jour 25

Court billet, ce soir. Rien de vraiment inspirant, et j'ai pas envie de reprendre sur le thème de l'homosexualité de Boisclair. Si ce n'est pour dire que si le regard tuait, je connais un journaliste pour qui on préparerait les funérailles. Mais j'avoues que le chef péquiste s'est bien repris et qu'il a fait une déclaration tout à fait juste, tout à fait homme d'État. Une fois n'est pas coutume!

Déjà mars. Plus que 25 jours avant le vote. C'est excitant, non? Non. C'est plutôt désolant. Décidément, on en sort pas de cette campagne de "Mon père est plus gros que le tien", "mon programme est plus riche que le tien", "mon chef est moins épais que le tien". Désolant.

A pareille heure la semaine prochaine, on devrait commencer à voir un certain ralentissement du rythme de la campagne, qui permettra aux chefs et à leur entourage de se préparer pour le débat des chefs. Crucial, le débat des chefs. Encore plus cette année, avec cette lutte à 3 qui se dessine dans plusieurs comtés. En fait, la préparation d'un débat des chefs, ça occupe à temps plein des dizaines de personnes dans chaque parti. On en a vu un exemple dans l'excellent documentaire "A hauteur d'homme", mais j'y reviendrai. Parce qu'avant de "breffer" le chef, faut "breffer" sa garde rapprochée, question qu'elle n'ait pas l'air idiot devant le chef.


Citation du jour: Jean Charest, défendant son bilan en santé. «Je suis capable de regarder les Québécois dans les yeux et de leur dire que j'ai honoré mon engagement pris en 2003 et que nous avons fait des efforts qui sont, non seulement très importants, mais sincères.»
Un politicien qui fait des efforts SINCÈRES, je trouve ça émouvant.... Le problème, m'sieur Charest, c'est que vos efforts étaient sincèrement insuffisants, ça l'air... Et puis si on commence à sortir des gros mots comme sincère, on va finir la campagne sur les genoux!

mercredi 28 février 2007

Jour 26

Le corrolaire des candidats, dans une élection, ce sont les voteurs. Oui oui, vous et moi! Qui avons tous, autant que nous sommes, un rationnel pour apposer notre petit X sur le bulletin de vote.

Votez-vous stratégique? Votez-vous utile? Votez-vous par passion, avec votre coeur? Vous bouchez-vous le nez en votant pour le candidat, même si son chef ne vous revient pas? Ou alors attendez-vous à la dernière minute pour voir ce que disent les sondages et votez-vous "du bon bord"?

Les sondages sont intéressants, parce qu'à titre indicatif, bien avant une élection, ils peuvent démontrer une tendance. Mais dès que l'élection commence, ils servent plutôt à déterminer la clientèle "cible" des partis politiques et sont surtout utiles aux boîtes de communication qui pondent les stratégies marketing de la campagne. Sans compter qu'ils permettent à de nombreux commentateurs politiques de meubler la conversation lors des entrevues interminables des chaînes de nouvelles continues.

Ce qui me fascine, en campagne électorale, ce sont les vox-pop. Le nombre de clichés véhiculés au pouce carré est hallucinant. Ce soir, par exemple, en écoutant un reportage à Radio-Canada, une dame, infirmière de profession, se disait incapable de voter pour Charest "parce qu'il a détruit le réseau", incapable de voter pour Boisclair, parce qu'il est "clairement contre les syndicats", incapable de voter pour Dumont, qui est une réplique de Stephen Harper, et incapable de voter Québec Solidaire, parce que "Françoise David a dit qu'elle augmenterait les impôts". Les verts, alors? Heu... ben kossa donne, ils seront pas élus... Évidemment, je ne la cite pas au texte, mais l'esprit y est. Alors, elle votera pour qui, cette dame?

Et puis, autre inquiétude, le taux de participation en baisse constante. Or, on les mobilise comment, les voteurs? Traditionnellement, les jeunes votent moins. Pas parce qu'ils sont moins politisés. Mais peut-être croient-ils que le geste de voter n'apporte rien. Ils sont désabusés par rapport à la politique. Pas pour rien que tous les partis se sont mis à l'heure de l'Internet. La génération "digitale", celle qui s'abreuve d'informations via l'ordinateur, et non dans les médias traditionnels, y trouvera-t-elle la motivation suffisante pour aller voter?

C'est surtout inquiétant pour le PLQ. Traditionnellement, la prime à l'urne, comme on l'appelle, leur revient. La prime à l'urne, ce sont ces électeurs discrets qui, dans les sondages, s'inscrivent sous "refuse de répondre" ou "ne sait pas". Une fois rendus dans l'isoloir, ils ont tendance à voter pour le parti au pouvoir, surtout si ce parti est le parti libéral. Or, pour qu'il y ait une "prime à l'urne", le vote doit sortir. Et il doit sortir surtout chez les clientèles traditionnellement libérales, ou fédéralistes, par opposition aux votes des jeunes, qu'on aurait tendance à identifier comme plus péquiste, ou souverainiste, mais qui ne se traduit pas en votes. Le pattern sera-t-il le même cette fois? La prime à l'urne ira-t-elle chez les adéquistes, qui pourraient former l'opposition officielle? Voter pour l'opposition officielle deviendra-t-il tendance, tout autant que voter du bon bord? C'est ce que nous saurons le 26 mars au soir.

Entretemps, méfiez-vous: tous les sondeurs qui vous appellent pour essayer de savoir vers qui votre coeur penche ne travaillent pas forcément pour CROP ou pour Léger Léger... bien souvent, ce sont de petites madames qui, cachées au fond d'un local électoral, ont appris à faire *67 avant de signaler votre numéro... elles peuvent de ce fait "pointer" les électeurs, et ainsi, le comité ne risque pas de passer la journée du vote à offrir du transport à l'ennemi...

Et vous, pour qui voterez-vous????

Citation du jour: En voulant critiquer aussi le manque de sensibilité de certains patrons, M. Riedl a laissé entrevoir peu de sympathie pour le syndicalisme, affirmant qu'il «y a des entreprises qui méritent des syndicats». (tiré de Cyberpresse, article de Rémi Nadeau, PC)
Monsieur Riedl est le candidat adéquiste du comté d'Iberville, présenté comme la recrue économique de l'ADQ.
Riedl/Boisclair, même combat? So, so, so... solidarité!