Première partie (19h34). A cette heure-ci, la nervosité est à son comble. Les chefs n'ont probablement pas été capables d'avaler quoi que ce soit, si ce n'est du café. Leur entourage picosse dans les crudités, les noix, les plateaux de fromage, l'estomac trop noué pour manger. Les équipes sont parties, ne restent que l'épouse et les 2 ou 3 proches collaborateurs. Le silence est pesant, et à moins d'une heure, c'est un peu "Allez, qu'on en finisse"...
Le drame, parce qu'il y en a un, c'est qu'au moins 2, si ce n'est 3 de ces chefs, jouent leur avenir politique ce soir. Parce qu'on est ainsi fait: on déteste les perdants, et la tradition qui s'est établie veut qu'un "loser" soit viré, ou se vire lui-même sitôt les résultats de l'élection connus. C'est dommage.
Le PLQ, particulièrement, ne pardonne pas à un chef qui perd le pouvoir. On lui laisse une certaine liberté "surveillée" à l'opposition, mais pas au pouvoir. Le PQ, quant à lui, ne pardonne pas à ses chefs de ne pas être René Lévesque. Et encore là, dans ses derniers milles comme chef du parti, on ne pardonnait pas à René Lévesque de ne plus être LE René Lévesque.
Mario Dumont, c'est une autre histoire. Il peut être le chef. Il lui manque un parti. Un vrai. Un parti avec des racines, des militants, une organisation. Qu'il perde ou gagne, son parti ne réclamera pas sa tête. Mais sa crédibilité personnelle en sera entachée. On peut expliquer la débandade de 2003, pas celle-ci.
Pour ceux que ça intéresse, plusieurs personnes vous blogueront ça en direct.
Deuxième partie. (22h50) C'est pas encore tout à fait l'heure de la bière, mais elle sera bonne en maudit! D'autres vous feront l'analyse poussée des répliques, des enjeux, des performances. Quelques impressions à chaud.
A vue de nez, je partage l'opinion de Liza Frulla: on a joué pour la deuxième place. Malgré un départ très fort de Dumont (son public cible, les jeunes familles, ont sûrement écouté les premières minutes, puis sont allés vaquer à leurs occupations de parents), il a semblé s'essouffler et a manifestement été faible sur la partie de la gestion publique. Lâche les prisons, Mario, ça fait Harper un peu trop! Quant au document, je crois qu'il s'agit d'une erreur stratégique. Pas sûr que ça ne se retournera pas contre lui.
Boisclair semblait endormi au gaz la première heure. Nervosité de débutant. Juste à le voir se triturer les jointures, on sentait qu'il se demandait sérieusement s'il parviendrait à tenir les deux heures. Or, mystérieusement, il s'est réveillé. Je lui donne même la palme de la meilleure citation de la soirée (voir plus bas). Je crois même qu'il aura réussi à redonner un second souffle à sa campagne. Mais les attentes à son égard étaient tellement basses qu'il pouvait difficilement décevoir.
Quant à Charest, c'est triste à dire, mais il est meilleur dans l'opposition qu'à défendre le bilan de son gouvernement. Toute sa fougue, son mordant, pouff! Disparu. On joue défensif, on joue pépère. Même la petite pointe d'humilité (il aurait été difficile, après la sortie de Paradis, de faire autrement) n'aura certainement pas réussi à convaincre personne. Mais, en toute honnêteté, il a joué le rôle du premier ministre et n'a pas trop mal paru. A-t-il gagné? Non, mais il n'a pas non plus perdu trop de plumes. On ne l'aime pas, mais faute de pain, on mange de la galette.
Demain, c'est pas congé. Les partis doivent capitaliser sur les bons coups de ce soir. Le débat et la perception publique qui s'en dégagera, feront cristalliser les intentions de votes chez beaucoup d'indécis ou de "magasineux" de parti. Le prochain sondage devrait faire apparaître un début de tendance. Et il ne reste que 12 jours pour vous décider.
Alors selon vous, qui est le gagnant? Et si vous me répondez Jacques Moisan, vous aurez raison!
Citation du jour: "Pour paraphraser, je dirais que si ça existait, on l'aurait!" André Boisclair, raillant la position autonomiste de l'ADQ . Mon éclat de rire de la soirée. Et un bon jab!
mardi 13 mars 2007
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9 commentaires:
Il me semblait bien que Dumont gardait ses chiffres pour le moment où ils auraient le plus d'impact.
Ne trouvez-vous pas que Boisclair est trop agressif?
Bon punch de Dumont à Charest au sujet du viaduc de la Concorde...
je pense que mon jupon dépasse... :s
Cher Marc, je dirais même que vous n'avez plus de jupe par-dessus votre jupon!
Je crois au contraire que le document va nuire à Dumont. Quant aux chiffres, il a perdu beaucoup de sa crédibilité lorsqu'attaqué par Boisclair sur la marge de manoeuvre financière du Québec.
Le document n'a pas prit de temps pour rebondir. Dès le scrum post-débat Dumont était sur la défensive à ce sujet.
Quelques bonnes taloches ici et là mais pas grand chose de neuf dans ce débat.
Sur la marge de manoeuvre, j'ai plutôt trouvé que Boisclair avait l'air acharné et désespéré. C'est ben pour dire...
Bon je suis allé me rhabiller...
Il faut effectivement donner le crédit èa Boisclair d'avoir dépassé les basses attentes envers lui. Son attitude arrogante a probablement choqué ceux qui ne l'aimaient pas d'emblée alors ça n'affectera pas beaucoup sa cote.
Au sujet du viaduc je suis toujours incapable de comprendre en quoi c'est malhonnête voire honteux de sa part comme le disent certains commentateurs. On ne peut quand même pas lui reprocher d'avoir trouvé le "smoking gun" et de le montrer au jury? Qu'il ait remis ce document à la commission d'enquête n'aurait pas sauvé la vie de ces pauvres victimes.
M. Boisclair pourrait-il m'expliquer ce qu'est la marge de manoeuvre du Québec? C'était un bon coup tout de même.
J'ai bien aimé le «M. Charest, vous êtes plus populaire à Winnipeg qu'à Montmagny» de M. Dumont. Enfin... un détail: mon fils a vu quelque chose qui ressemblait à une attachée politique de M. Charest entre deux prises de caméra; ça se peut ça? Ils ont le droit de refiler des trucs à leur poulin pendant qu'ils sont «on the air»?
@ Michel Verret: Comme pour le reste, le débat des chefs est une question de perception. Bien peu retiendront les arguments de fonds, là aussi, c'est souvent l'attitude qui fait qu'on considère qui gagne et qui perd. C'est ainsi. On est tous pour la vertu et la tarte aux pommes, mais certains la préfère avec canelle, d'autres sans.
@ Marc: Je ne qualifierais pas le geste de honteux, mais de démagogique, oui. D'abord parce que monsieur Dumont a enfreint les règles: ça m'en dit long sur son sens ethique. Ensuite, parce que je ne suis pas convaincu qu'il aurait cité tout le document, y compris la portion sur le fait que pour le moment, aucune action n'était recommandée. Enfin, parce que c'est de faire croire qu'un premier ministre, ou un ministre, connaît tous les documents qui circulent dans son ministère, donc que l'accident aurait pu étre évité. L'effondrement n'était pas un Act of God, et le désengagement envers nos infrastructures routières est évident (tant pour le PQ que pour le PLQ) mais tant que des tragédies pareilles ne se produisent pas, le bon peuple veut que ses impôts aillent en santé, en éducation et dans le développement de nouvelles routes...
@ Mariotoutdego: votre fils aurait dû aussi voir le jeune attaché politique derrière Mario Dumont, qui lui a également remis des documents. Oui, un adjoint par parti est permis. A la masse de documents que les chefs ont pour ce débat, ils ne peuvent tout avoir avec eux sur le lutrin. Si ma mémoire est bonne, la règle stipule que seuls des documents déjà "autorisés" peuvent être remis, donc aucune note manuscrite. J'imagine également qu'on dépouille ces adjoints de leur blackberry. On ne les avait jamais vu avant, normalement ils sont situés derrière les chefs et leur refilent le matériel pour le prochain bloc alors que la caméra est sur le modérateur. C'est un ballet soignement chorégraphié. Je crois que la configuration de la salle à manger du parlement ne devait pas permettre que l'adjointe de Charest soit derrière, c'est pourquoi on l'a vue traverser la salle.
Bons commentaires sur votre blog, en passant!
@marc : J'ajouterais à ce que GP a déjà dit sur le geste de M. Dumont que non seulement la note elle même n'était que de la poudre aux yeux mais si on écoute bien l'argument du chef adéquiste il s'est d'un 2é document ultérieur à celui qu'il brandit dont Jean Charest en personne aurait fait la lecture.
En bout de ligne, même si la fameuse note avait été imprimé sur du papier rouge avec mention "intervention urgente nécessaire" et déposé directement sur le bureau de M. Charest, je ne m'attend pas de mon PM qu'il prenne la décision de réparer ou non chaques Viaduc de la province à la pièce.
Ce qui était le plus malhonnête à mon point de vue s'était de rendre des élus directement responsable de la mort de citoyens par association d'idées et de citation imcomplètes. Les accusations son sufisament grave pour nécessiter une preuve plus solide.
Ceci dit au point de vue médiatique s'était parfait. Il est ressortit encore une fois avec la clip qui fait le tour des médias aujourd'hui.
Je ne saurais dire qui a gagné, mais une chose est sûre, c'est André Boisclair qui m'a le plus surpris. C'est celui de qui on attendait le moins; inexpérimenté, il demeure loin des gens, etc. Or, il a été direct, ne s'est pas enfargé dans des termes trop complexes, il avait des chiffres et des citations adéquates, il était incisif, il m'a grandement surpris!
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