mercredi 28 février 2007

Jour 26

Le corrolaire des candidats, dans une élection, ce sont les voteurs. Oui oui, vous et moi! Qui avons tous, autant que nous sommes, un rationnel pour apposer notre petit X sur le bulletin de vote.

Votez-vous stratégique? Votez-vous utile? Votez-vous par passion, avec votre coeur? Vous bouchez-vous le nez en votant pour le candidat, même si son chef ne vous revient pas? Ou alors attendez-vous à la dernière minute pour voir ce que disent les sondages et votez-vous "du bon bord"?

Les sondages sont intéressants, parce qu'à titre indicatif, bien avant une élection, ils peuvent démontrer une tendance. Mais dès que l'élection commence, ils servent plutôt à déterminer la clientèle "cible" des partis politiques et sont surtout utiles aux boîtes de communication qui pondent les stratégies marketing de la campagne. Sans compter qu'ils permettent à de nombreux commentateurs politiques de meubler la conversation lors des entrevues interminables des chaînes de nouvelles continues.

Ce qui me fascine, en campagne électorale, ce sont les vox-pop. Le nombre de clichés véhiculés au pouce carré est hallucinant. Ce soir, par exemple, en écoutant un reportage à Radio-Canada, une dame, infirmière de profession, se disait incapable de voter pour Charest "parce qu'il a détruit le réseau", incapable de voter pour Boisclair, parce qu'il est "clairement contre les syndicats", incapable de voter pour Dumont, qui est une réplique de Stephen Harper, et incapable de voter Québec Solidaire, parce que "Françoise David a dit qu'elle augmenterait les impôts". Les verts, alors? Heu... ben kossa donne, ils seront pas élus... Évidemment, je ne la cite pas au texte, mais l'esprit y est. Alors, elle votera pour qui, cette dame?

Et puis, autre inquiétude, le taux de participation en baisse constante. Or, on les mobilise comment, les voteurs? Traditionnellement, les jeunes votent moins. Pas parce qu'ils sont moins politisés. Mais peut-être croient-ils que le geste de voter n'apporte rien. Ils sont désabusés par rapport à la politique. Pas pour rien que tous les partis se sont mis à l'heure de l'Internet. La génération "digitale", celle qui s'abreuve d'informations via l'ordinateur, et non dans les médias traditionnels, y trouvera-t-elle la motivation suffisante pour aller voter?

C'est surtout inquiétant pour le PLQ. Traditionnellement, la prime à l'urne, comme on l'appelle, leur revient. La prime à l'urne, ce sont ces électeurs discrets qui, dans les sondages, s'inscrivent sous "refuse de répondre" ou "ne sait pas". Une fois rendus dans l'isoloir, ils ont tendance à voter pour le parti au pouvoir, surtout si ce parti est le parti libéral. Or, pour qu'il y ait une "prime à l'urne", le vote doit sortir. Et il doit sortir surtout chez les clientèles traditionnellement libérales, ou fédéralistes, par opposition aux votes des jeunes, qu'on aurait tendance à identifier comme plus péquiste, ou souverainiste, mais qui ne se traduit pas en votes. Le pattern sera-t-il le même cette fois? La prime à l'urne ira-t-elle chez les adéquistes, qui pourraient former l'opposition officielle? Voter pour l'opposition officielle deviendra-t-il tendance, tout autant que voter du bon bord? C'est ce que nous saurons le 26 mars au soir.

Entretemps, méfiez-vous: tous les sondeurs qui vous appellent pour essayer de savoir vers qui votre coeur penche ne travaillent pas forcément pour CROP ou pour Léger Léger... bien souvent, ce sont de petites madames qui, cachées au fond d'un local électoral, ont appris à faire *67 avant de signaler votre numéro... elles peuvent de ce fait "pointer" les électeurs, et ainsi, le comité ne risque pas de passer la journée du vote à offrir du transport à l'ennemi...

Et vous, pour qui voterez-vous????

Citation du jour: En voulant critiquer aussi le manque de sensibilité de certains patrons, M. Riedl a laissé entrevoir peu de sympathie pour le syndicalisme, affirmant qu'il «y a des entreprises qui méritent des syndicats». (tiré de Cyberpresse, article de Rémi Nadeau, PC)
Monsieur Riedl est le candidat adéquiste du comté d'Iberville, présenté comme la recrue économique de l'ADQ.
Riedl/Boisclair, même combat? So, so, so... solidarité!

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Super commentaire. J'ai essayé de ploguer votre site sur le blogue de Lagacé à La presse, mais bon, mon message n'a pas été accepté.

Je suis d’orientation de centre gauche. Concernant mon choix d’élection, je ne suis sur de rien, oui en fait. Jamais pour le PQ, peut importe le chef, leurs idées de séparation ne m'intéresse pas. Aussi, je suis du domaine de la santé et non Charest n'a pas tout démoli. Le système fonctionne mieux à mon avis, mais ça les syndicats ne vous le dirons pas. Dumont a pleins d'idées, mais lorsqu'on l'interroge sur le comment il va faire, c'est là que ça ce complique. Irréaliste ses suggestions et il paraît ne pas connaître les dossiers. Pour les autres partis politiques et bien ils n'ont pas mon attention. Il reste donc par forfait Charest et son équipe. Prédiction, selon le très sérieux sondage que j'ai fait dans ma tête! Les libéraux vont gagner mais dans 4 ans, Charest n'y est plus. Son image n’a jamais passée, mais Boiclair a un problème d’image plus grand que lui, alors il va s’en tirer par défaut, comme je dis. Même j’irais plus loin, dans 4 ans nous aurons un autre gouvernement libéral avec un médecin à la tête face à un nouveau chef PQ.

Marc-André a dit...

Les sondages sont intéressants, [...] ils permettent à de nombreux commentateurs politiques de meubler la conversation lors des entrevues interminables des chaînes de nouvelles continues.

Les chaînes d'information continue. Une victoire pour l'information selon plusieurs, je trouve qu'elles sont inutile puisque, comme vous en faites mention, elles diluent les nouvelles en y incluant une foule de données inutiles, par exemple les sondages qu'on nous présente jusqu'à plus-soif. Il est, à mon avis, bien plus efficace d'avoir un bulletin d'une heure présentant bien l'information, avec un segment d'analyse bien sûr, mais que cette analyse ne dure pas trois heures, à un moment donné on fait le tour de la question et on peut facilement tomber dans la facilité pour meubler le temps d'antenne - sondages, potins politiques, visites de bus...

Remarquez qu'à mon avis, rien ne vaut mieux qu'un bon vieux journal et papier, et de plus en plus les blogues (félicitations pour le vôtre d'ailleurs, il est très intéressant, j'espère voir l'expérience répétée à d'autres élections!)

Anonyme a dit...

j'ai 29 ans et je vais voter comme je l'ai toujours fait, sans regarder les sondages, avec l'espoir au coeur, peut-être que ca pourrait changé... mais la population change jamais, même quand le candidat de l'autre coté a plus d'allure. J'ai eu envie un jour de changer de circonscription pour pouvoir dire j'ai gagné mes élections !!! dites-moi donc pourquoi aller voter, qu'est-ce que cela va changer? sérieusement.

Unknown a dit...

Je ne dis jamais pour qui je vais voter à des inconnus. Quand je reçoit un appel me demandant si je vais voter pour tel candidat, je réponds toujours oui pour deux raisons:

1- J'aime fausser les sondages politiques

2- Au cas ou on tenterais de me convaincre de voter pour ce candidat, je me sauve d'un discour partisan.

Quand c'est pour savoir mon intention de vote, sans me nommer de candidat, je réponds toujours: ne sais pas.

BTW, ce ne sont pas les libéraux qui ont fait engorgé le système de santé, C'est les pécouilles avec leur campagne de mise à la retraite des infirmières.

Question comme ça, il serait possible d'obliger les finissants en médecine pour une période X, sinon ils seraient pénaliser dans leur remboursements de prêts ?

Gorge profonde a dit...

@ Chris: merci pour vos bons mots. Et ne vous en faites pas, j'ai été "lagacérisé" il y a quelques jours... Et le médecin à la tête du PLQ, c'est Couillard ou Bolduc, selon vous?
@Marc-André: merci aussi pour les compliments. Mais ne nous souhaitez pas des campagnes à tous les mois. Faut que je gagne ma vie, moi!
@anonyme: Voter, c'est s'acheter le droit de chialer contre le gouvernement. Ne pas voter, c'est laisser à d'autres le droit de vous gouverner. Et puis vous savez, parfois un seul vote peut changer le cours des choses. Un commentaire plus bas rappelait qu'une élection dans St-Jean-sur-Richelieu avait fini à égalité. Devait y avoir beaucoup de monde le lendemain qui s'en voulait de ne pas avoir été voter!
@Ivellios: vilain! Mentir à des firmes de sondages! Hon! Entre vous et moi, y'a mieux: faire entrer l'adversaire lors de son porte-à-porte, lui offrir un café et discuter longuement. A la fin, vous lui dites que vous n'êtes pas convaincu, et vous l'aurez empêché de faire au moins une vingtaine de portes! :-) Quant à votre question, si ma mémoire est bonne, les finissants en médecine qui décident de pratiquer dans les grands centres sont pénalisés au niveau de la rémunération. C'est ceux qui s'exilent qu'il faudrait pénaliser. Mais comment?

Anonyme a dit...

Je suis séparatiste. Mais je ne suis pas Péquiste. Je voterai par contre pour le PQ mais c'est par défaut.

Je ne peux pas m'imaginer voter pour Charest. Je ne peux pas croire qu'on va encore se retrouver avec lui comme PM.

L'ADQ ? Mario est trop girouette, pas de ligne, il suit les courants. Pas d'équipe solide autours de lui. On a l'impression que l'ADQ c'est un One Man Show.

Il me reste donc que le PQ. Je me console en me disant que dans mon candidat du PQ est un bon candidat. Mon X va terminé dans la case du PQ comme j'ai toujours fait dans le passé, mais pour la première fois, je le fais a reculons.