mercredi 7 mars 2007

Jour 19

Cynisme, quand tu nous tiens! On m'a demandé, ce matin, si je croyais que le 48 secondes de silence d'André Boisclair été "stagé". Un chroniqueur se demandait si le lapsus de Jean Charest était volontaire, et toute l'histoire autour une manière de faire passer un message indirect sur le "trou noir" de l'après-référendum. Parlez-en en bien, parlez-en en mal mais parlez-en, vous voyez le genre?

Bien sûr, les campagnes électorales se font à partir de stratégies politiques de communications. Une campagne électorale, c'est comme une partie d'échec de haute voltige. J'avance mon pion, tu prends ma reine, je t'échec-et-mat! Les émotions, réelles, sont rares. Mais elles existent. Il y a même parfois des moments de grâce.

En pleine campagne électorale, alors que les "douces" marchaient dans les rues, j'ai vu un premier ministre accepter de prendre, en privé, quelques minutes d'un horaire chargé pour rencontrer une très jeune femme, atteinte d'un cancer en phase terminale, et dont le souhait le plus cher était de pouvoir faire autographier le livre qu'il avait écrit des années auparavant. Il a fallu convaincre l'entourage, mais c'est le premier ministre lui-même qui a mis fin à leurs tergiversations en entrant dans la petite pièce à côté de la salle de conférence de presse.

Alors que dehors, les "douces" scandaient des slogans antigouvernementaux, alors que le bruit était assourdissant, un premier ministre s'est doucement assis près de cette jeune femme frêle, aux yeux trop grands dans un visage trop mince, des yeux brillants d'émotion. Le silence s'est fait et nous avons quitté la pièce, les laissant seuls. Les quelques minutes sont devenues une demie-heure, et quand le premier ministre a finalement quitté, il nous a remercié de lui avoir permis de rencontrer quelqu'un qui lui avait donné l'énergie de continuer cette campagne difficile. L'émotion, tant chez-lui que parmi nous tous, était vraie et palpable. L'autobus de campagne est reparti, en retard. L'interlude de la vraie vie était terminé, the show must go on mesdames et messieurs!

Des années plus tard, je veux croire qu'une telle rencontre serait encore possible et que les faiseurs d'image n'ont pas gommé l'humain qui existe dans chaque candidat à une élection...

Citation du jour: «La notoriété de Reid lui donne un avantage. Mais je suis confiant de l'emporter. À mon avis, la campagne n'est pas vraiment commencée. L'intérêt des gens n'est pas très grand pour le moment», soutient M. Breton (candidat péquiste) (tiré de Cyberpresse, article de Jean-François Gagnon).
Heu... si dans Orford, la campagne n'est pas vraiment commencée, faudrait peut-être leur dire que le vote est le 26 mars? Ou alors, on nous a menti depuis des mois en parlant de la mobilisation des citoyens? De kossé, m'sieur chose???

mardi 6 mars 2007

Jour 20

Intéressante, la sortie de Vincent Marissal sur son blogue de Cyberpresse. En gros, il chicane le "peuple" de mettre la faute sur les médias quant au peu de contenu de la campagne électorale, alors que la majorité des ours se contente du clip aux bulletins de nouvelles.

Intéressant parce que fort probablement vrai. Mais pourquoi donc ce coup de gueule? Parce que c'est le chien qui court après sa queue. Les journalistes ont des contraintes de temps (le reportage de 2 minutes), d'espace (2 feuillets, et intelligents svp!), de deadline (faut rentrer pour le bulletin de 17h00)... Ca laisse peu de temps pour l'analyse en profondeur. Les partis, quant à eux, tiennent à occuper l'espace média, donc modulent les messages en fonction des contraintes des journalistes. Bref, on en sort pas.

Mais il y a aussi le phénomène de donner au peuple ce que le peuple demande. Dans une société qui valorise la télé-réalité (non, ne me dites pas que ce n'est pas vrai, sinon je vous sors les cotes d'écoute de Loft Story versus Zone libre!!!), les émissions comme la Poule aux oeufs d'or ou le Banquier, pas sûre que de longues émissions ou des cahiers spéciaux sur les programmes des partis obtiendraient un succès fou. Dans une société qui croit au Père Noël, lire ici les promesses électorales, tous partis confondus, et qui se fonde là-dessus pour choisir son gouvernement, on se surprend même que les partis aient encore l'idée de faire un programme électoral.

Là-aussi, c'est la poule et l'oeuf. Les gens sont-ils désabusés de la politique parce que la politique, aidée des médias, est devenue affaire d'image, ou alors parce que les gens ne veulent plus rien qui demande un effort de réflexion et que les politiciens essaient d'être "divertissants"? Posez la question à votre entourage: on veut quoi, de nos partis politiques? On attend quoi de nos leaders? J'ai personnellement un problème avec la politique spectacle. Je veux des hommes et des femmes d'État, pas des clowns pour m'amuser. René Lévesque, Robert Bourassa avaient tous deux beaucoup d'humour. Pourtant, je les imagine mal se contorsionner à TLMP ou faire des tartes en compagnie d'Éric Salvail. Et vous? Vous croyez que c'est essentiel, maintenant, pour capter l'attention des voteurs?

Citation du jour: Pour l'ensemble de son oeuvre, Jean-François Plante. Dont le blogue a mystérieusement disparu ce soir. Dommage, il y avait là matière à plusieurs citations!

lundi 5 mars 2007

Jour 21

Du sable dans l'engrenage, c'est ce qu'avait l'air de se dire Mario Dumont devant les déclarations de son candidat "Extrêmement" délicat et modéré sur l'équité salariale et autres cossins comme la violence conjugale. Et quand on commence à faire la comparaison avec les dérapages des candidats de Harper en 2004, qui lui avaient coûté la victoire, c'est qu'on parle d'un gros grain de sable. Dans le genre caillou dans la sandale qui enlève tout le plaisir de la marche sur le bord de la mer, fusse-t-elle aussi belle que sur la Côte-Nord.

Etre Charest, je ne pavoiserais pas trop cependant. Beaucoup de ses candidats en sont également à leur première expérience, et personne n'est à l'abri de ce genre de déclaration fracassante. Souvenez-vous de Pierre Arcand... C'est pour ça, entre autres, que les candidats vedettes, avant d'être confirmés et présentés à la presse, sont souvent testés sur le "hot seat", espèce de scrum improvisé qui sert à harceler par des questions un individu qui, même s'il est une vedette dans son milieu, n'est pas nécessairement habile à répondre aux journalistes. J'ai vu des candidats comparer, dans la même phrase, Jacques Parizeau et Hitler... et la comparaison n'était pas voulue, je le jure. J'ai vu des candidats souligner le magnifique travail fait par le parti adverse... J'ai vu des candidats soutenir une chose et son contraire, et du même souffle, plaider la cohérence. J'ai vu des candidats perdre complètement leur sang-froid.

Tout ceux-là, on doit les encadrer sérieusement. On leur fourni des "nounous", des gens expérimentés tant au plan politique qu'avec les média. Souvent des anciens attachés de presse, qui les suivent pas à pas. Qui leur mâchent la ligne du jour, qui les empêchent de s'approcher de trop près du précipice de la déclaration qui tue. Qui peuvent, parce qu'ils connaissent bien les journalistes parlementaires, essayer de réparer les pots cassés ou atténuer les propos cités "hors contextes". D'autres sont nés prudents, et maîtrisent admirablement l'art de ne rien dire. C'est incroyable quel point on peut vite développer le syndrome de la langue de bois.

Peu ont le sens inné du "clip", de la phrase qui fait image et qui reste. Ceux-là sont promis à un bel avenir. Avec ou sans caillou dans la chaussure.

Citation du jour: «La souveraineté du Québec ne fera pas pousser les arbres plus vite», mais elle permettrait d'adopter des politiques cohérentes, «sans qu'on ait toujours, «maudit», à les faire ces négociations à Ottawa, comme si Ottawa nous faisait des cadeaux» André Boiclair.

Je ne voudrais pas qu'on m'accuse, moi aussi, d'ignorer le chef du PQ. Et cette citation, je la trouve délicieuse. Non, la souveraineté ne fera pas pousser les arbres plus vite, ni venter moins fort. Le fédéralisme non plus, d'ailleurs. Les seuls qui sont crédibles, en ce domaine, ce sont les verts. Et Richard Desjardins!

dimanche 4 mars 2007

Jour 22

Ça y est. LE vrai gros mot a été lâché. Panique.

Il faut avoir fait des campagnes électorales à la permanence d'un parti pour connaître ce sentiment, à mi-chemin entre l'hystérie et le désespoir. Quand le matin, à l'arrivée, y'a plus personne d'inspiré pour pondre la ligne du jour, quand même le GO (tous les partis ont un Gentil Organisateur, en chef ou désigné pour maintenir le moral des troupes...) ne sourit presque plus. La panique, c'est quand les sondages internes, comté après comté, sont encore pires que ceux publiés dans les journaux. La panique, c'est quand le responsable de la tournée n'arrive plus que difficilement à trouver des destinations pour le chef. C'est quand la dame responsable des bénévoles vous dit que les comités électoraux sont à moitié vide, soir après soir. C'est quand vous arrivez à la permanence et qu'un inhabituel silence accompagne le bruit des journaux que l'on lit en prenant le 12e café - et il n'est que 7h45. Quant le moindre reportage à la télé vous semble négatif, que le téléphone sonne et que la personne au bout du fil vous demande l'impossible et qu'au fin fond, vous voulez retourner vous coucher. La désespoir, c'est un article de l'Actualité qui arrive sur votre bureau, sans un mot, relatant une conversation entre deux fonctionnaires. Vous fermez les yeux. Vous savez.

La panique, elle est interne. Elle n'est pas commandée par un recul de 2 points dans les sondages, ou parce que l'adversaire vous dit que vous paniquez. La panique, dans un contexte électoral, c'est comme un virus qui se propage et dont vous n'arrivez pas à vous débarrasser.

Ce n'est pas ce que je vois à l'heure actuelle. Ni au PQ, même s'il y aurait peut-être lieu de s'inquiéter. Ni au PLQ, qui a encore suffisamment d'avance pour espérer former un gouvernement minoritaire.

D'ailleurs, je viens d'écouter André Boisclair à TLMP. Il a retrouvé son souffle, on dirait. Il joue moins faux. Pas encore tout à fait dans le registre d'un PM en puissance, mais plus du tout la bête traquée qu'il semblait être devenu depuis quelques mois. N'empêche, le climat à la permanence du PQ doit être lourd. Mais ce n'est pas encore la panique. Du moins, je ne le pense pas.

Le pire, c'est qu'en bout de piste, perd ou gagne, on y a donné toute son énergie. Et si la victoire donne des ailes, la défaite est une pente qui est longue à remonter.

Citation du jour: «Tout ce qui se dit ailleurs est une position personnelle.»
Mario Dumont, à propos des déclarations d'un de ses candidats en faveur de l'abolition le registre des armes à feu. (tiré de Cyberpresse).
Et la somme des positions personnelles donne un programme de parti???? Waiter, 2 autres bières!

samedi 3 mars 2007

Jour 23

Le diable est aux vaches, le PQ encourage les producteurs de porc, Mario joue aux quilles pendant que son candidat fait l'équation chasseurs = conservateurs, Charest se promène en Abitibi et "entend" les revendications des travailleurs d'usine. Journée faste, alors que dire de plus? Ah oui! "Autonomiste, autonomiste, autonomiste! Ça veut dire en clair un Québec fort dans un Canada uni" Yvon Deschamps savait-il qu'il avait inventé un concept?

Citation du jour: «Un renard qui se pose des plumes ne devient pas une poule pour autant»
Henri Massé, président de la FTQ, sur la «conversion» social-démocrate récente du PLQ. (tiré de Cyberpresse)
Pour une fois, je n'ai rien à rajouter devant tant de limpidité...

vendredi 2 mars 2007

Jour 24

Je m'ennuie du parti Rhinocéros. Il me semble qu'eux, au moins, faisaient des promesses loufoques en sachant qu'ils faisaient des promesses loufoques. A écouter les partis ces jours-ci, je me dis qu'ils ignorent à quels points ils peuvent être à côté de leurs pompes, parfois.

Une chance, Québec solidaire existe. Non, je ne discuterai pas du bien-fondé de leur programme. Il est essentiel d'avoir un parti de gauche dans notre société. Ne serait-ce que pour nous rappeler, collectivement, qu'il existe encore des "pauvres", des gens qui n'ont eu aucune chance dans la vie, des locataires habitant des taudis loués à des prix exorbitants, des itinérants, des enfants qui ne mangent pas toujours à leur faim et des femmes qui vivent dans une misère digne du tiers-monde, camouflée derrière nos mots ronflants et nos bonnes intentions. Qu'on veuille rétablir l'équilibre en redistribuant la richesse, j'en suis. Pour paraphraser Félix Leclerc, qu'on arrête de donner du poisson aux gens et qu'on leur montre à pêcher, j'en suis. Tout à fait et deux fois plutôt qu'une.

Mais comment peut-on voir en Québec solidaire une alternative crédible? Un parti sans chef mais avec une direction bicéphale, des candidats associés, et deux partis (QS et le Parti Communiste) pour le prix d'un... Je sais, c'est une jeune formation politique, qui a tout à apprendre et qui n'a pas encore ni l'expérience ni les travers des vieux partis. Mais Françoise David a pourtant trempé, quand ce n'est pas dirigé, moultes associations toutes plus organisées les unes que les autres. Et Amir Khadir, sous des dehors rebelles, n'est pas le dernier des tarlais que la terre ait porté. C'est dommage, parce que beaucoup de gens, à cette élection, auraient pu être tenté par l'aventure.

Citation du jour: «Les choses vont très bien. Regardez-nous bien aller.» André Boisclair
J'ai juste pas hâte de voir quand ça va mal aller...

jeudi 1 mars 2007

Jour 25

Court billet, ce soir. Rien de vraiment inspirant, et j'ai pas envie de reprendre sur le thème de l'homosexualité de Boisclair. Si ce n'est pour dire que si le regard tuait, je connais un journaliste pour qui on préparerait les funérailles. Mais j'avoues que le chef péquiste s'est bien repris et qu'il a fait une déclaration tout à fait juste, tout à fait homme d'État. Une fois n'est pas coutume!

Déjà mars. Plus que 25 jours avant le vote. C'est excitant, non? Non. C'est plutôt désolant. Décidément, on en sort pas de cette campagne de "Mon père est plus gros que le tien", "mon programme est plus riche que le tien", "mon chef est moins épais que le tien". Désolant.

A pareille heure la semaine prochaine, on devrait commencer à voir un certain ralentissement du rythme de la campagne, qui permettra aux chefs et à leur entourage de se préparer pour le débat des chefs. Crucial, le débat des chefs. Encore plus cette année, avec cette lutte à 3 qui se dessine dans plusieurs comtés. En fait, la préparation d'un débat des chefs, ça occupe à temps plein des dizaines de personnes dans chaque parti. On en a vu un exemple dans l'excellent documentaire "A hauteur d'homme", mais j'y reviendrai. Parce qu'avant de "breffer" le chef, faut "breffer" sa garde rapprochée, question qu'elle n'ait pas l'air idiot devant le chef.


Citation du jour: Jean Charest, défendant son bilan en santé. «Je suis capable de regarder les Québécois dans les yeux et de leur dire que j'ai honoré mon engagement pris en 2003 et que nous avons fait des efforts qui sont, non seulement très importants, mais sincères.»
Un politicien qui fait des efforts SINCÈRES, je trouve ça émouvant.... Le problème, m'sieur Charest, c'est que vos efforts étaient sincèrement insuffisants, ça l'air... Et puis si on commence à sortir des gros mots comme sincère, on va finir la campagne sur les genoux!