samedi 26 mai 2007
Le Jour de la marmotte
Quoi? Encore? Vous avez pas l'impression de regarder un mauvais film? On s'absente quoi... disons moins de 90 jours et hop: on fait sauter un chef, on en couronne une autre, et on repart pour un autre 33 jours? Décidémment, un mauvais mauvais film, avec un casting désolant.
mercredi 28 mars 2007
Viens, un nouveau jour va se lever...
... chantait Jacques Michel, et tant pis si je trahis mon âge! Non, je ne vous annonce pas l'arrivée ou la naissance d'un nouveau blogue. 33 jours termine ce soir son existence. Mais avant, j'ai envie de partager une dernière conversation avec vous. On s'assoit, on s'ouvre une bière, on s'allume une cigarette... ok, peut-être pas, mais on jase là, comme dirait Guy A.
Il s'est écrit beaucoup de choses depuis lundi, et les analystes, commentateurs, ti-joe connaissants de tout acabit arrivent tous plus ou moins à la même réflexion: les grands partis sont dû pour une remise en question.
Au contraire, je pense que c'est la société québécoise dans son ensemble qui est due pour une remise en question, ou à tout le moins une sérieuse introspection collective. Pour moi, le résultat de lundi soir trahit, plus que jamais, le malaise dans lequel nous vivons. Une gang de "me, me, moi" ne fait pas une société. La meilleure quote de la campagne revient à Chantale Hébert, questionnée sur ce qui l'avait frappée et qui a répondu: "le vide". C'est ça. Le vide.
On a échangé les confesseurs contre des animateurs radio/télé qui prétendent avoir toutes les réponses, on s'exprime à qui mieux mieux, en se cachant derrière l'anonymat d'un pseudonyme et en s'insultant mutuellement (et pas toujours dans la meilleure qualité de français!), on se précipite au Journal de Mourial ou de Québec dès qu'on s'estime lésé en espérant faire le "front", on inonde les boîtes vocales de J.E. ou de La Facture pour régler ses problèmes, on engueule le prof pour une mauvaise note de son enfant, on se découvre un nouvel ennemi commun (les ethnies), et on s'abruti collectivement en écoutant les télé-réalités.
Nous n'avons plus de projet collectif, et je ne parle pas nécessairement d'indépendance. Aucun des partis, y compris QS, n'avait de programme dégageant une vision, une direction. Que des promesses, que des morceaux de programme. Je regrette, mais un gouvernement n'est pas un buffet à volonté ou on peut choisir de ne manger que du dessert parce qu'on "feel de même, sti". Nous n'avons plus de "leaders", mais nous voulons des "sauveurs" que nous sacrifions les uns après les autres, quand ils tombent légèrement de leur piédestal.
"Larynx abysmal" me faisait remarquer, à juste titre, que Lesage avait la "Révolution tranquille", la nationalisation de l'électricité, la création de la caisse de dépôt, la création des ministères de l'éducation et de la culture. Bourassa a eu les grands projets qui nous ont permis d'asseoir notre développement économique, le premier traité avec les premières nations, la Baie James, l'assurance-maladie. René Lévesque a fait rêver d'un pays, mais a également légué l'assurance-automobile, la Loi sur le financement des partis politiques et la Loi 101. Depuis? Notre dernier projet collectif a-t-il été le déficit zéro? Depuis? On est géré par des comptables, des commis d'épicerie et des gérants de caisse populaire. Le "modèle québécois" a certes besoin d'être revu, mais pas scrappé. Notre avenir ne doit pas ressembler à un relevé bancaire, ou s'aligneront les dépôts et les retraits. Nous avons besoin d'un livre à colorier...
C'est probablement plus facile de rejeter le blâme sur l'autre, sans prendre la responsabilité de quoi que ce soit. Alors on peut continuer à se dire que les partis devront repenser à leurs affaires, mais ça ne changera rien si, individuellement et collectivement, nous ne faisons pas un sérieux ménage dans nos priorités et que nous n'acceptons pas de reconnaître que nous avons également une part de responsabilité dans tout ce qui nous arrive. Dans 8 mois, ou dans 4 ans, quand on aura essayé Mario Dumont et qu'au fond, ça n'ira ni mieux ni pire, on va se dire que c'est de la marde la politique, et on retournera chialer dans notre cour en mangeant nos hots-dogs sur le charcoal...
Je viens d'une région, je suis un code régional mutant depuis quelques décennies et je n'ai pas envie d'élever mes enfants dans une société qui se définit en réaction à, plutôt qu'en action avec. Mes enfants ont des amis à la peau brune, et les filles trouvent jolis les foulards des musulmanes, inconscientes qu'elles sont du symbolisme religieux. Et c'est très bien comme ça. Mes enfants apprécient le couscous ET les fèves au lard. Ils savent reconnaître leurs erreurs et dire "je m'excuse" quand ils ont tort. Et jamais je n'accepterai qu'ils rejettent leurs responsabilités sur le dos des autres. À mon humble avis, c'est très différent du "mettre ses culottes", mais peut-être que je fais trop dans la nuance.
Quoiqu'il en soit, les partis politiques sont le reflet de ce que nous sommes, puisqu'ils sont constitués d'individus comme vous et moi. On peut choisir d'être dans le train et d'essayer d'en changer la direction, ou d'être sur le bord de la "track" et de crier sans pouvoir faire quoi que ce soit. J'ai longtemps choisi d'être dans le train, et j'ai parfois réussi à imprimer une direction différente. Je suis maintenant sur le quai, mais je continue de croire que le militantisme, peu importe pour quel parti, reste la meilleure solution pour influencer l'histoire. Je nous souhaite que le cynisme ambiant fasse la place à une société qui aura le goût de reprendre son destin en main.
Un dernier propos, plus personnel celui-là. J'ai toujours eu beaucoup de respect pour les gens qui écrivent. Écrire, c'est se dévoiler. En commençant 33 jours, je le faisais pour moi, pour garder une trace de cette campagne. Au fil des jours, j'ai développé un lectorat, on a référencé le site sur d'autres et j'ai eu des propositions de média. A ma grande surprise, j'ai alors senti le "poids" de l'écriture. Ou je devrais dire le "poids" du lecteur. Pas que vous êtes pesants, mais j'ai senti une responsabilité d'honnêteté, de pertinence et de présence quotidienne. Certains soirs, je l'avoues, écrire a été pénible. D'autres soirs, par contre, l'écriture m'a permis, à travers mes petites histoires, d'évacuer des souvenirs ou des frustrations, et j'ai trouvé cela très thérapeutique. J'ai aussi constaté avec plaisir que beaucoup de jeunes semblaient y trouver un intérêt et avait envie de s'informer et d'échanger.
33 jours ne reviendra pas pour une éventuelle campagne fédérale. J'aurais l'impression d'être un vieux mononc' radoteur, et puis les campagnes fédérales sont tellement longues... faudrait faire 57 jours, pis c'est ben ben long, ça! Pis y vont faire ça en plein été, la gang de bonyennes, pis le laptop sur le bord de la piscine, c'est dangereux...
J'ai quand même encore envie de vous lire un peu. Je laisserai donc la section commentaires ouverte jusqu'au weekend, puis je la fermerai. J'ai hésité longtemps, mais je ne ferai pas disparaître 33 jours. Il restera sur la toile.
Merci encore à vous tous.
Il s'est écrit beaucoup de choses depuis lundi, et les analystes, commentateurs, ti-joe connaissants de tout acabit arrivent tous plus ou moins à la même réflexion: les grands partis sont dû pour une remise en question.
Au contraire, je pense que c'est la société québécoise dans son ensemble qui est due pour une remise en question, ou à tout le moins une sérieuse introspection collective. Pour moi, le résultat de lundi soir trahit, plus que jamais, le malaise dans lequel nous vivons. Une gang de "me, me, moi" ne fait pas une société. La meilleure quote de la campagne revient à Chantale Hébert, questionnée sur ce qui l'avait frappée et qui a répondu: "le vide". C'est ça. Le vide.
On a échangé les confesseurs contre des animateurs radio/télé qui prétendent avoir toutes les réponses, on s'exprime à qui mieux mieux, en se cachant derrière l'anonymat d'un pseudonyme et en s'insultant mutuellement (et pas toujours dans la meilleure qualité de français!), on se précipite au Journal de Mourial ou de Québec dès qu'on s'estime lésé en espérant faire le "front", on inonde les boîtes vocales de J.E. ou de La Facture pour régler ses problèmes, on engueule le prof pour une mauvaise note de son enfant, on se découvre un nouvel ennemi commun (les ethnies), et on s'abruti collectivement en écoutant les télé-réalités.
Nous n'avons plus de projet collectif, et je ne parle pas nécessairement d'indépendance. Aucun des partis, y compris QS, n'avait de programme dégageant une vision, une direction. Que des promesses, que des morceaux de programme. Je regrette, mais un gouvernement n'est pas un buffet à volonté ou on peut choisir de ne manger que du dessert parce qu'on "feel de même, sti". Nous n'avons plus de "leaders", mais nous voulons des "sauveurs" que nous sacrifions les uns après les autres, quand ils tombent légèrement de leur piédestal.
"Larynx abysmal" me faisait remarquer, à juste titre, que Lesage avait la "Révolution tranquille", la nationalisation de l'électricité, la création de la caisse de dépôt, la création des ministères de l'éducation et de la culture. Bourassa a eu les grands projets qui nous ont permis d'asseoir notre développement économique, le premier traité avec les premières nations, la Baie James, l'assurance-maladie. René Lévesque a fait rêver d'un pays, mais a également légué l'assurance-automobile, la Loi sur le financement des partis politiques et la Loi 101. Depuis? Notre dernier projet collectif a-t-il été le déficit zéro? Depuis? On est géré par des comptables, des commis d'épicerie et des gérants de caisse populaire. Le "modèle québécois" a certes besoin d'être revu, mais pas scrappé. Notre avenir ne doit pas ressembler à un relevé bancaire, ou s'aligneront les dépôts et les retraits. Nous avons besoin d'un livre à colorier...
C'est probablement plus facile de rejeter le blâme sur l'autre, sans prendre la responsabilité de quoi que ce soit. Alors on peut continuer à se dire que les partis devront repenser à leurs affaires, mais ça ne changera rien si, individuellement et collectivement, nous ne faisons pas un sérieux ménage dans nos priorités et que nous n'acceptons pas de reconnaître que nous avons également une part de responsabilité dans tout ce qui nous arrive. Dans 8 mois, ou dans 4 ans, quand on aura essayé Mario Dumont et qu'au fond, ça n'ira ni mieux ni pire, on va se dire que c'est de la marde la politique, et on retournera chialer dans notre cour en mangeant nos hots-dogs sur le charcoal...
Je viens d'une région, je suis un code régional mutant depuis quelques décennies et je n'ai pas envie d'élever mes enfants dans une société qui se définit en réaction à, plutôt qu'en action avec. Mes enfants ont des amis à la peau brune, et les filles trouvent jolis les foulards des musulmanes, inconscientes qu'elles sont du symbolisme religieux. Et c'est très bien comme ça. Mes enfants apprécient le couscous ET les fèves au lard. Ils savent reconnaître leurs erreurs et dire "je m'excuse" quand ils ont tort. Et jamais je n'accepterai qu'ils rejettent leurs responsabilités sur le dos des autres. À mon humble avis, c'est très différent du "mettre ses culottes", mais peut-être que je fais trop dans la nuance.
Quoiqu'il en soit, les partis politiques sont le reflet de ce que nous sommes, puisqu'ils sont constitués d'individus comme vous et moi. On peut choisir d'être dans le train et d'essayer d'en changer la direction, ou d'être sur le bord de la "track" et de crier sans pouvoir faire quoi que ce soit. J'ai longtemps choisi d'être dans le train, et j'ai parfois réussi à imprimer une direction différente. Je suis maintenant sur le quai, mais je continue de croire que le militantisme, peu importe pour quel parti, reste la meilleure solution pour influencer l'histoire. Je nous souhaite que le cynisme ambiant fasse la place à une société qui aura le goût de reprendre son destin en main.
Un dernier propos, plus personnel celui-là. J'ai toujours eu beaucoup de respect pour les gens qui écrivent. Écrire, c'est se dévoiler. En commençant 33 jours, je le faisais pour moi, pour garder une trace de cette campagne. Au fil des jours, j'ai développé un lectorat, on a référencé le site sur d'autres et j'ai eu des propositions de média. A ma grande surprise, j'ai alors senti le "poids" de l'écriture. Ou je devrais dire le "poids" du lecteur. Pas que vous êtes pesants, mais j'ai senti une responsabilité d'honnêteté, de pertinence et de présence quotidienne. Certains soirs, je l'avoues, écrire a été pénible. D'autres soirs, par contre, l'écriture m'a permis, à travers mes petites histoires, d'évacuer des souvenirs ou des frustrations, et j'ai trouvé cela très thérapeutique. J'ai aussi constaté avec plaisir que beaucoup de jeunes semblaient y trouver un intérêt et avait envie de s'informer et d'échanger.
33 jours ne reviendra pas pour une éventuelle campagne fédérale. J'aurais l'impression d'être un vieux mononc' radoteur, et puis les campagnes fédérales sont tellement longues... faudrait faire 57 jours, pis c'est ben ben long, ça! Pis y vont faire ça en plein été, la gang de bonyennes, pis le laptop sur le bord de la piscine, c'est dangereux...
J'ai quand même encore envie de vous lire un peu. Je laisserai donc la section commentaires ouverte jusqu'au weekend, puis je la fermerai. J'ai hésité longtemps, mais je ne ferai pas disparaître 33 jours. Il restera sur la toile.
Merci encore à vous tous.
mardi 27 mars 2007
Le Jour d'après
Non, je ne commenterai pas ce soir le résultat des élections. J'ai écouté la soirée électorale en solitaire, dans une chambre d'hôtel, et j'ai passé la journée en formation, loin des journaux, de la télé, d'internet. Je n'ai rien lu, rien écouté depuis hier soir, après le discours de Jean Charest. Au fond, les résultats importent peu, du moins pour ce que j'ai ressenti hier soir.
Ceux d'entre vous qui m'ont lu savent que hier, c'est pour les candidats, élus comme défaits, que j'avais une pensée. Tous ceux et celles qui ont attendu des heures avant que le verdict ne tombe. Il faut soit l'avoir vécu, soit avoir été proche d'un candidat pour ressentir soi-même ce mal de ventre, cette nausée, cette envie de se terrer au fond de la salle de bain jusqu'à ce que la foule parte, que la télé s'éteigne, que le bruit arrête.
J'ai admiré la dignité de Boisclair. Cet homme, en sursis, qui a vraiment cru qu'il avait endigué le désastre jusqu'à la dernière minute. Peu importe ce qu'il a dit, hier c'était comment il le disait.
J'ai compris l'excitation de Dumont. Il a, depuis 13 ans, tenu à bout de bras ce parti, son parti. Imaginez les incessants aller-retour Rivière-du-Loup/Québec, sans compter les tournées de la province. Avec une équipe réduite, pas de chauffeur, pas de "staff" ou presque. Il a dû avoir des sueurs froides, hier, quand l'ADQ menait dans le grand tableau de Radio-Canada. Mieux que quiconque, il savait qu'il ne pourrait pas former un cabinet crédible et livrer la marchandise promise. Depuis hier, la marge de manoeuvre s'est rétrécie: maintenant, il doit aller au-delà du clip.
J'ai aussi ressenti le soulagement de Charest. Lui aussi, à quelque part, il est en sursis. Et il a frôlé l'humiliation suprême, celle de ne pas être élu dans son comté. Comme beaucoup de gens, j'ai aussi remarqué qu'il semblait stimulé par le résultat et que tout à coup, le Charest campaigner était réapparu. Je doute que ce soit suffisant, mais qui sait?
Hier soir, plus que jamais, j'ai vu 3 hommes face à leur destin. Et un Québec profondément schizophrène.
Ceux d'entre vous qui m'ont lu savent que hier, c'est pour les candidats, élus comme défaits, que j'avais une pensée. Tous ceux et celles qui ont attendu des heures avant que le verdict ne tombe. Il faut soit l'avoir vécu, soit avoir été proche d'un candidat pour ressentir soi-même ce mal de ventre, cette nausée, cette envie de se terrer au fond de la salle de bain jusqu'à ce que la foule parte, que la télé s'éteigne, que le bruit arrête.
J'ai admiré la dignité de Boisclair. Cet homme, en sursis, qui a vraiment cru qu'il avait endigué le désastre jusqu'à la dernière minute. Peu importe ce qu'il a dit, hier c'était comment il le disait.
J'ai compris l'excitation de Dumont. Il a, depuis 13 ans, tenu à bout de bras ce parti, son parti. Imaginez les incessants aller-retour Rivière-du-Loup/Québec, sans compter les tournées de la province. Avec une équipe réduite, pas de chauffeur, pas de "staff" ou presque. Il a dû avoir des sueurs froides, hier, quand l'ADQ menait dans le grand tableau de Radio-Canada. Mieux que quiconque, il savait qu'il ne pourrait pas former un cabinet crédible et livrer la marchandise promise. Depuis hier, la marge de manoeuvre s'est rétrécie: maintenant, il doit aller au-delà du clip.
J'ai aussi ressenti le soulagement de Charest. Lui aussi, à quelque part, il est en sursis. Et il a frôlé l'humiliation suprême, celle de ne pas être élu dans son comté. Comme beaucoup de gens, j'ai aussi remarqué qu'il semblait stimulé par le résultat et que tout à coup, le Charest campaigner était réapparu. Je doute que ce soit suffisant, mais qui sait?
Hier soir, plus que jamais, j'ai vu 3 hommes face à leur destin. Et un Québec profondément schizophrène.
dimanche 25 mars 2007
Jour J
Avant de vous dire d'aller voter, je veux d'abord vous remercier, vous qui m'avez suivi dans cette aventure. Vous m'avez redonné espoir en la nature humaine. Contrairement à ce que j'ai pu lire sur d'autres blogues, à une seule exception, je n'ai pas eu à "censurer" vos commentaires. Vous m'avez fait la preuve qu'on peut encore exprimer des opinions, dans le respect de celles des autres, et débattre de manière intelligente. J'ai apprécié vos commentaires et vos questionnements, que j'ai trouvé pertinents et éclairés.
Je remercie aussi les recherchistes et les journalistes qui ont respecté mon souhait de demeurer anonyme. J'ai écrit ce blogue d'abord pour moi, comme un défi qu'on se lance mais aussi pour garder trace de cette campagne dont je ne soupçonnais pas, au départ, qu'elle pourrait être à ce point excitante. J'avais envie de partager l'autre côté du miroir, celui qui nous permet d'analyser les choses autrement.
Enfin, un remerciement à "Larynx Abysmal", mon collègue silencieux qui a été mon tout premier comité de lecture, pour ses commentaires constructifs, ses scénarii et ses idées et ses questions incessantes sur le "comment c'était quand"...
Pour le reste, il n'y a plus rien à dire aujourd'hui. En politique active, le jour J est le jour le plus long. Et ce soir, il y aura des égos écorchés, des gens qui vivront leur premier deuil politique, des rêves brisés et des illusions perdues. Qu'on soit gagnant ou perdant.
Allez voter! C'est le seul moyen de ne pas perdre le droit de chialer!
Je ne commenterai pas le résultat ce soir. Mais ne vous gênez pas pour venir laisser vos impressions. On se retrouve mercredi. Pour une dernière bière!
Je remercie aussi les recherchistes et les journalistes qui ont respecté mon souhait de demeurer anonyme. J'ai écrit ce blogue d'abord pour moi, comme un défi qu'on se lance mais aussi pour garder trace de cette campagne dont je ne soupçonnais pas, au départ, qu'elle pourrait être à ce point excitante. J'avais envie de partager l'autre côté du miroir, celui qui nous permet d'analyser les choses autrement.
Enfin, un remerciement à "Larynx Abysmal", mon collègue silencieux qui a été mon tout premier comité de lecture, pour ses commentaires constructifs, ses scénarii et ses idées et ses questions incessantes sur le "comment c'était quand"...
Pour le reste, il n'y a plus rien à dire aujourd'hui. En politique active, le jour J est le jour le plus long. Et ce soir, il y aura des égos écorchés, des gens qui vivront leur premier deuil politique, des rêves brisés et des illusions perdues. Qu'on soit gagnant ou perdant.
Allez voter! C'est le seul moyen de ne pas perdre le droit de chialer!
Je ne commenterai pas le résultat ce soir. Mais ne vous gênez pas pour venir laisser vos impressions. On se retrouve mercredi. Pour une dernière bière!
Jour 1
Un gros merci à monsieur D., qui m'a gentiment fait remarquer que le reportage sur Louise Harel était l'oeuvre de Katia Gagnon, et non de Patrick Lagacé, auteur, par ailleurs, de celui sur Pierre Paradis. Correction faite!
Ça y est. Plus rien ne peut être fait, ou ne peut être dit. Demain, c'est vous qui serez face au bulletin de vote, décidé ou non. Et c'est nous, collectivement, qui nous donnerons un gouvernement pour quelques mois ou pour quelques années. Et il nous faudra vivre avec.
Ce soir, dans la tête des chefs, c'est l'heure des bilans. À quoi pense Jean Charest, André Boisclair, Mario Dumont, Françoise David/Amir Khadir et Scott McKay?
À tout seigneur, tout honneur. Le premier ministre sortant doit se demander quelle mouche l'a piqué de déclencher des élections à ce moment-ci. Clairement, son entourage a mal évalué la profondeur de la grogne et la "débandade" de Boisclair, facteurs qui ont sans doute pesés lourd dans la balance. Par ailleurs, si le PLQ avait pris la juste mesure du mécontentement populaire, il n'aurait pas choisi de faire campagne sur la continuité... Aurait-il dit, dès le premier jour, qu'il n'avait pas réussi à tenir ses promesses qu'il aurait désamorcé la bombe. Et tous les analystes le constatent: le Charest batailleur, le "campaigner" d'enfer, n'était pas là. Comme si, au bout de 3 jours, le PM avait réalisé qu'il pourrait au mieux sauver les meubles. Fatigue? Lassitude? Mal entouré? On a toujours chuchoté que Charest, homme de "contenant", n'avait que peu de contenu et qu'il ne supportait pas les gens forts autour de lui. Peut-être y a-t-il là un peu de vrai, et que cela explique cette non-campagne de sa part. Demain, si le PLQ retourne à l'Opposition, les couteaux déjà affûtés sortiront rapidement. Qui sera le prétendant? A part Couillard, personne ne semble destiné à un couronnement. Mais sait-on jamais? Monique J. n'a pas dit son dernier mot! Par ailleurs, si la victoire est courte et qu'un gouvernement minoritaire libéral est élu, Charest sera un chef en sursis. Le PLQ ne le limogera pas, question d'organiser le prochain rendez-vous électoral, mais la laisse sera courte, très courte. Un scénario comme l'autre viennent de lui fermer définitivement les portes d'Ottawa. Looser une fois, mais pas deux.
André Boisclair a somme toute fait une bonne campagne, compte tenu que tout le monde le comptait pour mort au début de celle-ci. Rappelez-vous son pathétique "je peux faire mieux"... Comme plusieurs, j'ai été surpris. Il a fait un excellent débat, a su manoeuvrer habilement sans jamais perdre le cap. Peut-être parce que les attentes étaient inexistantes, il aura réussi à sauver sa peau. Mais ne nous leurrons pas: lui aussi est un chef en sursis, peu importe le résultat. Il est trop montréalais, pas assez "comme nous autres". Boisclair a trop voulu, trop vite. Il avait pourtant pris la bonne décision en allant se ressourcer ailleurs qu'en politique. Il a cru, avec le départ précipité de Landry, qu'il pourrait mettre le PQ à sa main, puisque les caribous étaient en déclin. Ils sont ou, les 30 000 jeunes qui l'ont appuyé lors de son leadership? Ou est la nouvelle garde du PQ? Lui aussi, ce soir, doit se demander dans quoi il s'est embarqué, mais il peut légitimement penser qu'il a tenu promesse et qu'il a fait mieux.
"Tout vient à point à qui sait attendre". Mario Dumont est un vieux politicien, malgré son jeune âge. Est-il heureux ou angoissé ce soir? Et si demain, en dépit des sondages, il se retrouvait premier ministre? On a dit et écrit bien des choses sur son manque de candidats ministrables, mais la réalité est là: il aura de la difficulté à livrer son programme, avec le calendrier impossible qu'il s'est imposé, avec très peu de gens expérimentés dans les affaires publiques. Le risque est énorme de se casser la gueule, et dans ce cas précis, la déception sera encore plus grande. Autre facteur: l'organisation défaillante du parti. Être Dumont, je prierais pour qu'il fasse beau, demain. Sa "clientèle", les jeunes familles, travaille. Une fois les enfants ramassés à la garderie, faire la file pour aller voter avec des enfants fatigués et affamés, ce n'est pas la joie. Or, pourra-t-il compter sur des bénévoles pour aller prendre soin des enfants pendant que maman et papa votent? Parce qu'oubliez ça, voter quand on a de jeunes enfants: entre le repas, le bain et le dodo, il sera largement dépassé l'heure d'aller voter. Les intentions de votes, qui ont légèrement faiblies si on en croit les derniers sondages, se traduiront-elles par des votes dans l'urne? Bien malin qui pourrait le dire ce soir. Au fond, Mario doit souhaiter être l'opposition officielle d'un gouvernement minoritaire: en assoyant sa crédibilité, il pourra se monter une organisation qui lui donnera, espère-t-il, la prochaine élection sur un plateau d'argent.
Françoise et Amir. Pour une première expérience, elle semble avoir été moins douloureuse que prévue. Ceci étant dit, QS devra revenir à une conception plus "traditionnelle" d'un parti politique s'il veut sortir de la marginalité. On ne gagne pas une élection avec des prières, encore moins avec une direction bicéphale qui parfois ne tire pas dans la même direction. Il serait dommage que madame David abandonne l'arène politique, mais le discours de la gaugauche n'a plus le même impact. Je sais, vous me direz qu'au début des années 70, le PQ était aussi une organisation broche-à-foin, portée par un rêve... Wake up, boys and girls! Le monde a changé! Harmonium, on adore, mais Arcade Fire existe! QS survivra-t-il à cette élection? Y aura-t-il un rapprochement avec les verts? Avec ce qui semble être une montée de la droite au Québec, y a-t-il place pour un vrai parti de gauche? C'est ce genre de questions qui doit trotter dans la tête de Françoise David ce soir. Et puis, secrètement, elle doit espérer qu'au moins un de ses candidats, sinon elle, soit élu.
Scott McKay. A tout le moins, maintenant, on peut mettre un visage sur un nom et sur un parti. Il aura gagné en notoriété. Le problème c'est qu'au Québec, en matière d'écologie, les bottines ne suivent pas les babines. On est très fort sur les discours, on veut tous Kyoto (mais qui sait exactement ce qu'est Kyoto, hein?), mais si je faisais le tour de vos sacs verts, ce soir, j'y trouverais probablement bien des choses qui devraient plutôt être dans vos bacs de recyclage. Et je ne vous ai pas entendu applaudir à tout rompre à l'idée du gouvernement conservateur de surtaxer les gros véhicules utilitaires ou de luxe... McKay a sûrement envie que vous fassiez votre "x" à côté de son candidat: à défaut d'un député, le parti vert aura des sous pour la prochaine campagne.
Au moment ou j'écris ces lignes, les organisateurs sont à vérifier, une dernière fois, si tout le matériel est prêt pour demain. Certains ne dormiront pas beaucoup. Les chefs dormiront un peu, mal probablement, et devront s'étamper un sourire confiant dans le visage pour aller voter demain devant les caméras de télévision. Après le dernier bulletin de nouvelles, ils auront un dernier entretien avec leurs conseillers proches et iront au lit avec le sentiment que 33 jours, c'est à la fois si long et si court.
Demain, tout peut arriver. Les jeux sont faits. Les paris sont ouverts.
Citation du jour: "Pensez-vous que les journalistes ont ce qu'il faut pour aller en politique" demande Guy A. Lepage. "D'autres y sont allés avec moins que ça", de lui répondre Bernard Derome. J'hésite encore à savoir pour qui c'est le plus dur: les politiciens ou les journalistes?
Ça y est. Plus rien ne peut être fait, ou ne peut être dit. Demain, c'est vous qui serez face au bulletin de vote, décidé ou non. Et c'est nous, collectivement, qui nous donnerons un gouvernement pour quelques mois ou pour quelques années. Et il nous faudra vivre avec.
Ce soir, dans la tête des chefs, c'est l'heure des bilans. À quoi pense Jean Charest, André Boisclair, Mario Dumont, Françoise David/Amir Khadir et Scott McKay?
À tout seigneur, tout honneur. Le premier ministre sortant doit se demander quelle mouche l'a piqué de déclencher des élections à ce moment-ci. Clairement, son entourage a mal évalué la profondeur de la grogne et la "débandade" de Boisclair, facteurs qui ont sans doute pesés lourd dans la balance. Par ailleurs, si le PLQ avait pris la juste mesure du mécontentement populaire, il n'aurait pas choisi de faire campagne sur la continuité... Aurait-il dit, dès le premier jour, qu'il n'avait pas réussi à tenir ses promesses qu'il aurait désamorcé la bombe. Et tous les analystes le constatent: le Charest batailleur, le "campaigner" d'enfer, n'était pas là. Comme si, au bout de 3 jours, le PM avait réalisé qu'il pourrait au mieux sauver les meubles. Fatigue? Lassitude? Mal entouré? On a toujours chuchoté que Charest, homme de "contenant", n'avait que peu de contenu et qu'il ne supportait pas les gens forts autour de lui. Peut-être y a-t-il là un peu de vrai, et que cela explique cette non-campagne de sa part. Demain, si le PLQ retourne à l'Opposition, les couteaux déjà affûtés sortiront rapidement. Qui sera le prétendant? A part Couillard, personne ne semble destiné à un couronnement. Mais sait-on jamais? Monique J. n'a pas dit son dernier mot! Par ailleurs, si la victoire est courte et qu'un gouvernement minoritaire libéral est élu, Charest sera un chef en sursis. Le PLQ ne le limogera pas, question d'organiser le prochain rendez-vous électoral, mais la laisse sera courte, très courte. Un scénario comme l'autre viennent de lui fermer définitivement les portes d'Ottawa. Looser une fois, mais pas deux.
André Boisclair a somme toute fait une bonne campagne, compte tenu que tout le monde le comptait pour mort au début de celle-ci. Rappelez-vous son pathétique "je peux faire mieux"... Comme plusieurs, j'ai été surpris. Il a fait un excellent débat, a su manoeuvrer habilement sans jamais perdre le cap. Peut-être parce que les attentes étaient inexistantes, il aura réussi à sauver sa peau. Mais ne nous leurrons pas: lui aussi est un chef en sursis, peu importe le résultat. Il est trop montréalais, pas assez "comme nous autres". Boisclair a trop voulu, trop vite. Il avait pourtant pris la bonne décision en allant se ressourcer ailleurs qu'en politique. Il a cru, avec le départ précipité de Landry, qu'il pourrait mettre le PQ à sa main, puisque les caribous étaient en déclin. Ils sont ou, les 30 000 jeunes qui l'ont appuyé lors de son leadership? Ou est la nouvelle garde du PQ? Lui aussi, ce soir, doit se demander dans quoi il s'est embarqué, mais il peut légitimement penser qu'il a tenu promesse et qu'il a fait mieux.
"Tout vient à point à qui sait attendre". Mario Dumont est un vieux politicien, malgré son jeune âge. Est-il heureux ou angoissé ce soir? Et si demain, en dépit des sondages, il se retrouvait premier ministre? On a dit et écrit bien des choses sur son manque de candidats ministrables, mais la réalité est là: il aura de la difficulté à livrer son programme, avec le calendrier impossible qu'il s'est imposé, avec très peu de gens expérimentés dans les affaires publiques. Le risque est énorme de se casser la gueule, et dans ce cas précis, la déception sera encore plus grande. Autre facteur: l'organisation défaillante du parti. Être Dumont, je prierais pour qu'il fasse beau, demain. Sa "clientèle", les jeunes familles, travaille. Une fois les enfants ramassés à la garderie, faire la file pour aller voter avec des enfants fatigués et affamés, ce n'est pas la joie. Or, pourra-t-il compter sur des bénévoles pour aller prendre soin des enfants pendant que maman et papa votent? Parce qu'oubliez ça, voter quand on a de jeunes enfants: entre le repas, le bain et le dodo, il sera largement dépassé l'heure d'aller voter. Les intentions de votes, qui ont légèrement faiblies si on en croit les derniers sondages, se traduiront-elles par des votes dans l'urne? Bien malin qui pourrait le dire ce soir. Au fond, Mario doit souhaiter être l'opposition officielle d'un gouvernement minoritaire: en assoyant sa crédibilité, il pourra se monter une organisation qui lui donnera, espère-t-il, la prochaine élection sur un plateau d'argent.
Françoise et Amir. Pour une première expérience, elle semble avoir été moins douloureuse que prévue. Ceci étant dit, QS devra revenir à une conception plus "traditionnelle" d'un parti politique s'il veut sortir de la marginalité. On ne gagne pas une élection avec des prières, encore moins avec une direction bicéphale qui parfois ne tire pas dans la même direction. Il serait dommage que madame David abandonne l'arène politique, mais le discours de la gaugauche n'a plus le même impact. Je sais, vous me direz qu'au début des années 70, le PQ était aussi une organisation broche-à-foin, portée par un rêve... Wake up, boys and girls! Le monde a changé! Harmonium, on adore, mais Arcade Fire existe! QS survivra-t-il à cette élection? Y aura-t-il un rapprochement avec les verts? Avec ce qui semble être une montée de la droite au Québec, y a-t-il place pour un vrai parti de gauche? C'est ce genre de questions qui doit trotter dans la tête de Françoise David ce soir. Et puis, secrètement, elle doit espérer qu'au moins un de ses candidats, sinon elle, soit élu.
Scott McKay. A tout le moins, maintenant, on peut mettre un visage sur un nom et sur un parti. Il aura gagné en notoriété. Le problème c'est qu'au Québec, en matière d'écologie, les bottines ne suivent pas les babines. On est très fort sur les discours, on veut tous Kyoto (mais qui sait exactement ce qu'est Kyoto, hein?), mais si je faisais le tour de vos sacs verts, ce soir, j'y trouverais probablement bien des choses qui devraient plutôt être dans vos bacs de recyclage. Et je ne vous ai pas entendu applaudir à tout rompre à l'idée du gouvernement conservateur de surtaxer les gros véhicules utilitaires ou de luxe... McKay a sûrement envie que vous fassiez votre "x" à côté de son candidat: à défaut d'un député, le parti vert aura des sous pour la prochaine campagne.
Au moment ou j'écris ces lignes, les organisateurs sont à vérifier, une dernière fois, si tout le matériel est prêt pour demain. Certains ne dormiront pas beaucoup. Les chefs dormiront un peu, mal probablement, et devront s'étamper un sourire confiant dans le visage pour aller voter demain devant les caméras de télévision. Après le dernier bulletin de nouvelles, ils auront un dernier entretien avec leurs conseillers proches et iront au lit avec le sentiment que 33 jours, c'est à la fois si long et si court.
Demain, tout peut arriver. Les jeux sont faits. Les paris sont ouverts.
Citation du jour: "Pensez-vous que les journalistes ont ce qu'il faut pour aller en politique" demande Guy A. Lepage. "D'autres y sont allés avec moins que ça", de lui répondre Bernard Derome. J'hésite encore à savoir pour qui c'est le plus dur: les politiciens ou les journalistes?
samedi 24 mars 2007
Jour 2
Ce soir, mettons-nous dans la peau des députés et des candidats. Leur avenir, littéralement, se joue lundi soir pour plusieurs d'entre eux. La démocratie n'a pas que des beaux côtés: vous remettez votre sort entre les mains de gens qui, pour la plupart, ne s'interrogent pas sur ce qui vous arrivera après. Et c'est correct. Ils ne sont pas là pour ça. Mais la politique a cela d'ingrat que du jour au lendemain, vous qui étiez "quelqu'un" dans votre communauté, devenez "c'est qui, lui, déjà?"
Certains le méritent, remarquez bien. Il y a des députés qui ne viennent jamais dans leur comté ou presque, et qui doivent leur notoriété et leur visibilité à un excellent personnel. Et le personnel de comté, peu importe la couleur du parti qu'ils représentent, mérite notre admiration. Ils sont en général sous-payés, et ont, quotidiennement, à gérer les problèmes de monsieur et madame Tout-le-monde. Du chèque de bs ou de régie des rentes qui n'est pas rentré en passant par les fonctionnaires qui ne veulent pas voir le problème, aux dossiers qui relèvent d'un autre palier de gouvernement, la misère humaine défile, day's in, day's out. Et ce n'est pas toujours "glamour". Sans parler des soupers spaghettis de l'association de l'âge d'or locale et de la vente de chocolat des scouts, qui voudraient bien avoir un p'tit coup de pouce du député.
La plupart des députés font un travail convenable. Katia Gagnon et Patrick Lagacé ont fait des portraits remarquables, d'ailleurs, de Louise Harel et de Pierre Paradis, aux antipodes l'un de l'autre, mais pourtant tous deux ancrés dans leur réalité et dans leur comté. Des indélogeables. Mais y'en a quantité d'autres pour qui, mardi matin, la réalité sera que leur population les a mis au chômage. Et ce qui s'applique pour le personnel politique s'applique aussi pour les députés: pas évident de se retrouver un job après. Certains, qui avaient une carrière "autonome" avant, pourront reprendre leur métier; c'est le cas des avocats, des notaires, des professeurs en sans solde. C'est probablement moins évident pour les médecins, qui n'ont pas pratiqué pendant quelques années. J'imagine que le Dr Couillard doit être un peu rouillé...
D'autres auront le bec à l'eau, et ne seront pas admissibles à la pension avant longtemps. Ceux dont le parti formera le gouvernement auront une chance de se retrouver un job d'attaché politique ou attendront une éventuelle nomination partisane. Quoiqu'avec un gouvernement minoritaire, il sera difficile de faire de beaux parachutes aux ex-élus.
A l'inverse, y'a sûrement des candidats qui, ce soir, ont la peur chevillée au ventre: et s'ils étaient élus? Beaucoup d'entre eux, majoritairement à l'ADQ, ont accepté pour le "thrill" d'être candidat, pensant que le 27 au matin, ils retourneraient à leur petite vie tranquille. Or, c'est chez-eux maintenant qu'on ira domper les problèmes. Le danger, c'est quand ils vont commencer à se prendre au sérieux. Pour accepter de mettre son visage sur une affiche, il faut avoir un égo considérable. Quand tu es élu alors que tu ne t'y attendais pas, l'égo devient mongolfière. Et ça prend toujours un certain temps avant de dégonfler. Je me souviens d'un député, jusque là un illustre nobody, hurlant à une pauvre réceptionniste d'un bureau de ministre, 4 jours après l'élection: "Savez-vous qui je suis????" Comme si tout le Québec se souvenait, le lendemain de l'élection, du nom des 125 députés élus la veille! Il a vite compris qu'être député ne lui donnait pas un droit d'office d'être grossier quand il a vu que ses dossiers de comté n'allaient nulle part.
Faire de la politique, c'est accepter de ne pas avoir de contrôle sur son plan de carrière. Tous les ministres vous le diront, s'ils sont honnêtes. Bien peu ont le pouvoir de négocier avec le premier ministre quand vient le temps de distribuer les ministères. Et encore moins quand il est question de le leur enlever. Et encore plus qu'ailleurs, le dicton s'applique: beaucoup d'appelés, peu d'élus...
Citation du jour: «Québec solidaire va certainement avoir un pourcentage de votes mais ça ne veut pas dire que le nombre de députés qu'on aura sera équivalent au pourcentage. Donc il faut un mode de scrutin qui laisse une place à la proportionnelle.» — La porte-parole de Québec Solidaire, Françoise David, souhaitant une réforme du mode de scrutin qui permettrait aux tiers partis d'être représentés en fonction de l'appui populaire. Françoise, parles-en à Mario, y pourrait p'tête te donner quelques trucs. Mais faut être patient, ça l'air.
Certains le méritent, remarquez bien. Il y a des députés qui ne viennent jamais dans leur comté ou presque, et qui doivent leur notoriété et leur visibilité à un excellent personnel. Et le personnel de comté, peu importe la couleur du parti qu'ils représentent, mérite notre admiration. Ils sont en général sous-payés, et ont, quotidiennement, à gérer les problèmes de monsieur et madame Tout-le-monde. Du chèque de bs ou de régie des rentes qui n'est pas rentré en passant par les fonctionnaires qui ne veulent pas voir le problème, aux dossiers qui relèvent d'un autre palier de gouvernement, la misère humaine défile, day's in, day's out. Et ce n'est pas toujours "glamour". Sans parler des soupers spaghettis de l'association de l'âge d'or locale et de la vente de chocolat des scouts, qui voudraient bien avoir un p'tit coup de pouce du député.
La plupart des députés font un travail convenable. Katia Gagnon et Patrick Lagacé ont fait des portraits remarquables, d'ailleurs, de Louise Harel et de Pierre Paradis, aux antipodes l'un de l'autre, mais pourtant tous deux ancrés dans leur réalité et dans leur comté. Des indélogeables. Mais y'en a quantité d'autres pour qui, mardi matin, la réalité sera que leur population les a mis au chômage. Et ce qui s'applique pour le personnel politique s'applique aussi pour les députés: pas évident de se retrouver un job après. Certains, qui avaient une carrière "autonome" avant, pourront reprendre leur métier; c'est le cas des avocats, des notaires, des professeurs en sans solde. C'est probablement moins évident pour les médecins, qui n'ont pas pratiqué pendant quelques années. J'imagine que le Dr Couillard doit être un peu rouillé...
D'autres auront le bec à l'eau, et ne seront pas admissibles à la pension avant longtemps. Ceux dont le parti formera le gouvernement auront une chance de se retrouver un job d'attaché politique ou attendront une éventuelle nomination partisane. Quoiqu'avec un gouvernement minoritaire, il sera difficile de faire de beaux parachutes aux ex-élus.
A l'inverse, y'a sûrement des candidats qui, ce soir, ont la peur chevillée au ventre: et s'ils étaient élus? Beaucoup d'entre eux, majoritairement à l'ADQ, ont accepté pour le "thrill" d'être candidat, pensant que le 27 au matin, ils retourneraient à leur petite vie tranquille. Or, c'est chez-eux maintenant qu'on ira domper les problèmes. Le danger, c'est quand ils vont commencer à se prendre au sérieux. Pour accepter de mettre son visage sur une affiche, il faut avoir un égo considérable. Quand tu es élu alors que tu ne t'y attendais pas, l'égo devient mongolfière. Et ça prend toujours un certain temps avant de dégonfler. Je me souviens d'un député, jusque là un illustre nobody, hurlant à une pauvre réceptionniste d'un bureau de ministre, 4 jours après l'élection: "Savez-vous qui je suis????" Comme si tout le Québec se souvenait, le lendemain de l'élection, du nom des 125 députés élus la veille! Il a vite compris qu'être député ne lui donnait pas un droit d'office d'être grossier quand il a vu que ses dossiers de comté n'allaient nulle part.
Faire de la politique, c'est accepter de ne pas avoir de contrôle sur son plan de carrière. Tous les ministres vous le diront, s'ils sont honnêtes. Bien peu ont le pouvoir de négocier avec le premier ministre quand vient le temps de distribuer les ministères. Et encore moins quand il est question de le leur enlever. Et encore plus qu'ailleurs, le dicton s'applique: beaucoup d'appelés, peu d'élus...
Citation du jour: «Québec solidaire va certainement avoir un pourcentage de votes mais ça ne veut pas dire que le nombre de députés qu'on aura sera équivalent au pourcentage. Donc il faut un mode de scrutin qui laisse une place à la proportionnelle.» — La porte-parole de Québec Solidaire, Françoise David, souhaitant une réforme du mode de scrutin qui permettrait aux tiers partis d'être représentés en fonction de l'appui populaire. Françoise, parles-en à Mario, y pourrait p'tête te donner quelques trucs. Mais faut être patient, ça l'air.
vendredi 23 mars 2007
Jour 3
Mon texte d'hier semble avoir touché une corde sensible chez certains de mes lecteurs. Il est vrai qu'on s'attarde peu sur l'entourage des chefs ou des ministres, tant et si bien qu'on a l'impression qu'il s'agit là de personnes interchangeables. Ex-confrères, ex-consoeurs, tous partis confondus, unissons-nous! D'ailleurs, il n'y a probablement que nous qui avons apprécié à sa juste valeur l'excellente série "Bunker"...
Le "dérapage" du DGE concernant le vote des femmes voilées m'amène à une réflexion plus générale sur la nouvelle réalité des campagnes électorales. L'omniprésence des médias, y compris d'internet, a changé drastiquement la façon de faire de la politique. On devra s'interroger sur l'opportunité de changer les règles du jeu, et de modifier la Loi électorale. Des experts du cyberespace se sont penchés sur la question, reste à voir si on prendra le temps de les écouter et de les consulter quand viendra le temps d'agir. Le DGEQ a manifestement été dépassé par l'utilisation des blogues et autres Youtube, il devra se moderniser avant la prochaine élection, qui risque de venir plus vite qu'on ne le croit.
Même chose pour les dépenses de campagnes. On a beau vouloir laver plus blanc que blanc, y'a des nouvelles réalités incontournables: des bénévoles, y'en a de moins en moins. Ou alors, il faut leur donner un "incitatif" (les p'tites sandwiches pas de croûte), pas nécessairement un salaire.A tout le moins, payer leurs dépenses personnelles (essence, repas, etc...) Quant au personnel politique, il fut un temps ou il était considéré comme normal de travailler à l'élection. Maintenant, du moins au fédéral, il faut être en congé sans solde. Vous en connaissez beaucoup des gens qui peuvent se priver de salaire pendant 33 jours? Pensez-vous que leur gérant de banque leur donne congé d'hypothèque pendant la campagne électorale? Donc, si vous voulez des gens expérimentés, il vous faut prévoir un salaire pour compenser la perte du leur. Certaines fois, le salaire est comptabilisé, d'autres non. Gomery a mis au jour un certains nombres de ces salaires versés "cash". Les libéraux ont payé. Je ne cautionne pas la fraude. Elle est inadmissible, peu importe les circonstances. Mais on a pas fait enquête sur les autres partis. Or, c'est pratique courante, y compris pour le personnel des bureaux de députés de l'Opposition.
Et pourquoi? Parce que les règles du jeu ont changé, mais pas les plafonds et la nature des dépenses admissibles, du moins pas significativement. Le système lui-même encourage le "contournement" des règles. Donner une chance égale à tous, j'en suis. Ne pas permettre que le financement des particuliers ou des entreprises permettent d'acheter des faveurs post-électorales, j'en suis également. Mais les campagnes électorales ne seront jamais complètement aseptisées, alors autant s'ouvrir les yeux sur les réalités et élargir les dépenses admissibles pour ne pas favoriser la "créativité" dans l'interprétation des règles. Lévesque et le PQ ont fait un travail admirable pour assainir nos moeurs électorales. Mais c'était il y a près de 30 ans. Il est plus que temps qu'on revoit le système.
Ce soir, je me mets dans la peau des organisateurs locaux. Avec les derniers sondages, pour plusieurs d'entre eux, c'est maintenant sur leurs épaules que le fardeau de la victoire vient d'être déposé. Ils doivent livrer la marchandise, et faire sortir le vote. Les organisateurs péquistes et libéraux, aguerris, connaissent bien la mécanique. Les organisateurs adéquistes, probablement un peu moins. Ils devront compter sur le ras-de-bol des électeurs. Tout le monde va prier pour que le matériel soit prêt à temps, que les bénévoles se présentent tel que prévu, que la température soit clémente, que le lunch soit apprécié et que la bière soit froide. Si je peux me permettre une prédiction, une seule, c'est la suivante: les ventes de Pepto-bismol vont grimper en flèche au cours des prochains jours!
Citation du jour: M. Dumont a continué à taper le même clou, en parlant du «manque de jugement» du chef péquiste, qui s'exprime avec de «grands mots qu'on ne comprend pas». (tiré de Cyberpresse). Un autre qui a de la misère avec les grands mots! Va-tu falloir faire ce que les journalistes du Devoir ont fait à Patrick Lagacé, et lui envoyer un dictionnaire?????
Le "dérapage" du DGE concernant le vote des femmes voilées m'amène à une réflexion plus générale sur la nouvelle réalité des campagnes électorales. L'omniprésence des médias, y compris d'internet, a changé drastiquement la façon de faire de la politique. On devra s'interroger sur l'opportunité de changer les règles du jeu, et de modifier la Loi électorale. Des experts du cyberespace se sont penchés sur la question, reste à voir si on prendra le temps de les écouter et de les consulter quand viendra le temps d'agir. Le DGEQ a manifestement été dépassé par l'utilisation des blogues et autres Youtube, il devra se moderniser avant la prochaine élection, qui risque de venir plus vite qu'on ne le croit.
Même chose pour les dépenses de campagnes. On a beau vouloir laver plus blanc que blanc, y'a des nouvelles réalités incontournables: des bénévoles, y'en a de moins en moins. Ou alors, il faut leur donner un "incitatif" (les p'tites sandwiches pas de croûte), pas nécessairement un salaire.A tout le moins, payer leurs dépenses personnelles (essence, repas, etc...) Quant au personnel politique, il fut un temps ou il était considéré comme normal de travailler à l'élection. Maintenant, du moins au fédéral, il faut être en congé sans solde. Vous en connaissez beaucoup des gens qui peuvent se priver de salaire pendant 33 jours? Pensez-vous que leur gérant de banque leur donne congé d'hypothèque pendant la campagne électorale? Donc, si vous voulez des gens expérimentés, il vous faut prévoir un salaire pour compenser la perte du leur. Certaines fois, le salaire est comptabilisé, d'autres non. Gomery a mis au jour un certains nombres de ces salaires versés "cash". Les libéraux ont payé. Je ne cautionne pas la fraude. Elle est inadmissible, peu importe les circonstances. Mais on a pas fait enquête sur les autres partis. Or, c'est pratique courante, y compris pour le personnel des bureaux de députés de l'Opposition.
Et pourquoi? Parce que les règles du jeu ont changé, mais pas les plafonds et la nature des dépenses admissibles, du moins pas significativement. Le système lui-même encourage le "contournement" des règles. Donner une chance égale à tous, j'en suis. Ne pas permettre que le financement des particuliers ou des entreprises permettent d'acheter des faveurs post-électorales, j'en suis également. Mais les campagnes électorales ne seront jamais complètement aseptisées, alors autant s'ouvrir les yeux sur les réalités et élargir les dépenses admissibles pour ne pas favoriser la "créativité" dans l'interprétation des règles. Lévesque et le PQ ont fait un travail admirable pour assainir nos moeurs électorales. Mais c'était il y a près de 30 ans. Il est plus que temps qu'on revoit le système.
Ce soir, je me mets dans la peau des organisateurs locaux. Avec les derniers sondages, pour plusieurs d'entre eux, c'est maintenant sur leurs épaules que le fardeau de la victoire vient d'être déposé. Ils doivent livrer la marchandise, et faire sortir le vote. Les organisateurs péquistes et libéraux, aguerris, connaissent bien la mécanique. Les organisateurs adéquistes, probablement un peu moins. Ils devront compter sur le ras-de-bol des électeurs. Tout le monde va prier pour que le matériel soit prêt à temps, que les bénévoles se présentent tel que prévu, que la température soit clémente, que le lunch soit apprécié et que la bière soit froide. Si je peux me permettre une prédiction, une seule, c'est la suivante: les ventes de Pepto-bismol vont grimper en flèche au cours des prochains jours!
Citation du jour: M. Dumont a continué à taper le même clou, en parlant du «manque de jugement» du chef péquiste, qui s'exprime avec de «grands mots qu'on ne comprend pas». (tiré de Cyberpresse). Un autre qui a de la misère avec les grands mots! Va-tu falloir faire ce que les journalistes du Devoir ont fait à Patrick Lagacé, et lui envoyer un dictionnaire?????
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